Keep me here
My heart is near
My love has gone away
Tell me true
My heart is new
My love has gone away
It's okay
I know someday I'm gonna be with you

— italie, mars 1996

des cris, des larmes versées, des insultes lancées. quotidien d'une famille brisée par des mensonges réguliers. elle serre sa poupée contre elle, la fillette. elle tremble, hésite à avancer craignant d'apporter de l'huile sur le feu à cette querelle si souvent interprétée. elle espère, la gamine, qu'enfin un jour le calme pourrait revenir. que ses parents se regarderaient de nouveau avec amour et envie, sans cette haine au fond des mirettes. elle tape contre la porte, les iris gorgées de larmes. des bras familiers viennent l'entourer pour essayer de calmer les angoisses qu'elle n'aurait jamais dû avoir à son âge. six ans... six années passées entourée de ses deux parents. six années parties en fumée en l'espace d'une signature sur un papier. elle pose ses yeux dans ceux de sa mère et soupir une question. pourquoi ? pourquoi lui faire subir tout ça. elle, qui n'a jamais demandé à venir au monde pour supporter la rancœur de ses géniteurs. ses mirettes se perdent sur une valise et un tas de sac qui jonchent le sol. un baisé est déposé sur son front. un baisé qui sonne comme un au revoir peu commun. prends soin d'eux... une phrase qui lui déchire le cœur, à cette gamine pleine d'espoir. dernière douce mélodie provenant du larynx de sa mère pouvant être audible d'aussi près avant de longues années... une dernière étreinte, un dernier regard avant le début d'une autre vie..

— italie, décembre 2004

un bruit sourd retentit dans cette immense bâtisse aux murs emplis d'humidité et de moisissure, résultat d'une négligence certaine de la part du propriétaire des lieux. elle se tiens l'épaule gauche, l'adolescente, qui se mords les lèvres avec insistance. la douleur est vive, elle ne sait même pas si l'humérus est encore intact mais elle résiste la lionne, elle encaisse, comme elle le fait depuis de longs mois maintenant. elle relève la tête, lèvre ouverte, cheveux saccagés par la poignée bien trop ferme d'une main masculine et elle crache, l'insolente, aux pieds de son ravisseur.
une voix rauque vient briser le silence nouveau et semble sonner comme une délivrance pour la gamine. les cris reprennent place entre les murs et la scène d'antan se rejoue avec des protagonistes différents. le fils fait face au père et les mots laissent place aux mains. des échanges trop brutaux dans une famille si fragile. la bouteille presque vide s'écrase sur le crâne du père qui, dans un mouvement peu élégant, se pose au sol les yeux fermés, sonné par un coup si bien porté.
un drame familial jugé choquant pour beaucoup mais si familier pour ces enfants projetés dans la vie adulte prématurément. un juron de l’aîné est prononcé devant la détresse de la cadette. une caresse est portée au niveau de l'épaule abîmée vérifiant au passage qu'elle soit encore bien en place. les mains du grand frère embrassent celles d'apolline, la relevant du gouffre où elle s'est enfoncée malgré sa volonté d'y échapper. stop. il dépose au creux de sa paume un papier fraîchement imprimé, rictus à son apogée. on va enfin partir. les mirettes s'illuminent à la vue du billet et de la destination y étant inscrite... Paris, France. on va la rejoindre, ensemble.

— france, juillet 2011

paris, ville de l'amour. paris, ville des désirs. elle est belle la citée bourgeoise, éclairée par le soleil d'été. elle se prélasse la jeune femme, dans cette immensité turquoise. les mirettes protégées des rayons d'un astre convoité depuis l'hiver dernier, elle rêvasse. famille soudée après les épreuves passées ; mère attentionnée, frère pour la protéger et sans nouvelles de l'odieux paternel. début d'un nouvel été, fin d'une année passée à étudier les profondeurs de la psychologie. elle devrait être comblée la môme, de cette renaissance méritée. et pourtant elle le sent, ce manque constant. ce besoin d'un brin de folie dans sa vie. elle y pense de plus en plus à le vivre cet « american dream ». et elle l'envoie valser, cette eau si paisible, quittant la douceur de l'eau pour rejoindre le réconfort de ses draps. et elle le fait, l'inconsciente. d'un geste trop audacieux, elle valide la commande de sa nouvelle aventure. et elle est heureuse, la naïve. si seulement avait-elle su que ce voyage allait être le dernier, qu'il allait la mener droit vers un périple apocalyptique et que cela allait être la dernière fois qu'elle allait revoir leurs visages, là au beau milieu du terminal..