« we can't go back. »

Cours, ne te retourne pas! Dégages en vitesse si tu veux pas caner! Ne les regarde pas, ne subis pas, juste cours. Cours jusqu'à ce que ta poitrine te brûle. Cours jusqu'à ce que tu ne sentes plus ton coeur anesthésié. Delilah cours putain! Ce dernier soupir m'achevait, alors que je regardais l'horreur se répandre autour de moi. Le silence outrepassé se consolait à travers les cris décomposés de ces proies cloisonnées. Captives de leurs meurtriers. Cette conscience comme seul guide. Cet instinct bestial de survivre après tant d'années. Après cette perte d'un espoir défoncé. Défoncé par ce temps véhiculant, lassant. Tout autour, mes yeux se perdaient sur ce carnage, sur ce sang qui giclait, sur ces membres déchirés. Je brûlais, je me consumais. La peur me dévorant, me ravageant alors que mes pas me guidaient. Le bruit était détonant, fracassant mes tympans. Mes yeux humidifiés, par cette dégradation soudaine.Tous ce monde s'effondrant encore une fois... Ce camp qui prônait la sécurité, la suffisance et le confort. Une illusion perfide et provocante... Trop optimiste mais pas assez réaliste. Le sang tapant dans mes veines, je me taisais, me cachant loin de ces horreurs, fuyant cette mort perfide. Livide par sa rapidité. Je refusais de crever comme ça. Je me refusais d'abandonner après tant d'années. Le calvaire ne datait pas d'aujourd'hui, mais bien depuis longtemps. Si bien que cette notion temporelle m'échappait... Mais malgré les pertes, les pleurs je m'étais relevée et c'est ce que j'allais faire encore une fois. Taire mes émotions pour taire cette humanité. Ici, l'innocence et l'insouciance était signe de faiblesse, et les faibles se faisaient bouffer, alors je n'avais d'autres choix. Tuer ou être tuer.

Fuir ce passé encore une fois. Ce camp, cet idéal de pensée. Personne n'aurait penser à cette fin tragique et limpide. Personne ne pensait à une taupe cachée. Pourtant... Les faits s'accumulaient. Et chaque mort se relevait. La preuve à peine eus je le temps de décamper du bâtiment principal ,que déjà les lieux étaient infectés. Infectés de ce virus. De cette m*rde environnante...  Maintenant il fallait se tailler. Sans regarder les pertes. Les héros ça n'existent pas. Dans cette apocalypse, seule la loi du chacun pour sa gueule persistait. Et j'y allais m'y plier. J'étais déjà pourrie de l'intérieur, la culpabilité n'étant qu'une accoutumance à présent. Alors je préférais devenir borgne en ce jour où je préférais la sécurité à la vérité. Les monstres n'étaient pas tous morts, d'autres se révélaient. Je courrais à en perdre le souffle, mon coeur battant contre ma poitrine échauffée. Mes pensées s’emmêlant, mon état se dégradant. La fatigue accumulée commençait à peser sur mon corps fragilisé par les années. Il ne fallait pas y penser, juste courir jusqu'à n'en plus pouvoir. Les rôdeurs étaient partout, guettant à travers leurs yeux livides, opaques.  Une seule envie: bouffer. Car c'était la seule chose qu'ils savaient faire. Une horde se trouvait à ma droite et pour me sortir de ce pétrin, je me devais d'escalader une palissade avec des fils barbelés. La barrière de protection du village. Conneries! Mon adrénaline me poussait à continuer, ce manque de solutions me frustrant. La souffrance n'étant plus qu'un fait. A l'aide de mes bras, je me hissais en haut, poussant avec mes jambes en avant, des roches comme seul soutien à mon ascension. J'étais exténuée, fatiguée mais je ne pouvais pas lâcher, malgré mes tremblements. Cette vie aussi pourrie soit-elle j'y tenais... Arrivant enfin en haut, je m'accrochais au fil de fer, geignant un gémissement de douleur avant de sentir de multiples coupures éraflaient ma peau à vif. Bordel! Qu'est ce que ça faisait mal! Mon corps subissait les dommages, mes membres s'électrocutant à chaque coupure. Ma chair se coupant. Mes vêtements s’emmêlant. Après quelques secondes de lutte acharnée, je me débrouillais enfin pour me sortir de ce piège en fer, avant de retomber en bas de la palissade, la peau en feu et le visage ensanglanté. La douleur était intense, chacun de mes nerfs me brûlant à chacun de mes pas. Mais cette route en face de moi. Cette longue voie de béton silencieuse, loin de ces explosions à l'intérieur me redonnait assez d'espoir pour reprendre ma fuite, le danger bien derrière. Je me mettais donc à marcher activement, ma bouche se tordant d'une grimace à chaque sensation. Les tissus de mes fringues s’imbibant dans mes blessures infimes.  Le doute reprenant le dessus. Partir seule, survivre seule... Le risque était important. Lorsqu'on était dans un groupe, notre chance de survie était plus grande. Les variables aléatoires se résumant aux autres rescapés, mais seul... Seul, il n'y avait plus de potentiels victimes sauf nous. Pas d'autres proies. De plus mon état ne m’amènerait pas bien loin. Il fallait que je trouve de l'aide. Les minutes s'écoulaient alors que mon chemin se traçait, mes gouttes de sang marquant le béton. Le silence infime, effrayant s’immisçant dans cette scène dépaysante. Cette anarchie puis ce calme plein. Deux contrastes déconcertants. Et ce vide, cette solitude... Cette soli... Une ombre se froissait devant moi, alors que je me perdais à penser, alors que sans m'en rendre compte, je me déchirais un peu plus mes membres en courant derrière cette silhouette. Il fallait que je l'arrête. Et si c'était quelqu'un du camp... Et si il était mordu. Peu m'importait je me devais de l'interpeller.  

© MUSCLOR.

« we can't go back. »

Alors que ma course effrénée me coupait le souffle et que mes membres s’électrocutaient à chacun de mes pas, je me concentrais sur cette silhouette. Mon unique chance de m'en sortir... Vu mon état actuel, je n'avais d'autres choix que me bouger pour survivre. Dans ce monde si instable, la douleur n'est devenue que transparence, le corps s'est adapté à l'usure de la fatigue, et de la famine. L'aisance et le confort du passé bien enterré.  Je ne pouvais en rien faire la difficile concernant l'homme qui marchait à une allure déconcertante vu la panique qui rongeait les quelques survivants du campement.  Il était si calme, si posé, comme si tous ce qu'il se passait, il l'acceptait sans grande difficultés. Je n'étais pas dupe, s'il était ici cela signifiait qu'il avait vécu dans ce village d'illusions et de contributions. Alors comment pouvait-il? Si seulement tu savais... Les mots me manquaient, l'air aussi, ma poitrine se compressant avidement. Mes inspirations trop courtes pour des expirations trop longues. Et ce sang collant, moite qui me collait la peau, qui déchirait mes cicatrises du passé, me rappelant sans doute cette notion d’éphémère, tout me poussait à avancer malgré la souffrance, malgré les préjugés qui commençaient à prendre du sens peu à peu face à la lenteur de cet individu. De loin ,enfin les détails s'esquissaient. Un homme grand, un mètres 85 environ, brun ,les cheveux courts ,signe d'un entretien permanent. Des muscles bien dessinés, mais pas de quoi me faire peur... Au fond, ma condition physique s'était améliorée au fils du temps, et ma facilité au corps à corps me servait bien. Alors s'il tentait quoi que ce soit, à la fin il serait dans un état bien plus préoccupant que le mien.

Il s’enfonçait dans la forêt alors que je me tordais mêlant maladresse et rapidité, pour arriver à sa hauteur, mais ce dernier m'attendait bien gentiment une arme en évidence prêt à tirer. Je me stoppais net, n'osant plus bouger ou faire un quelconque mouvement qui pourrait lui permettre de tirer. Ne sait-on jamais si ce dernier avait la gâchette facile? Il me scrutait de bas en haut, remarquant les marques qui me couvraient, sans doute à la recherche d'une trace de morsure. Son ton arrogant alors qu'il me disait. "T'es qui toi ?" Je restais silencieuse, le temps que ce dernier finisse mon inspection, réfléchissant à ma future réponse. Dans ces moments là, il ne fallait pas déconner avec un sarcasme ou une ironie déplacée, sinon c'était la mort assurée. Et cet homme me semblait d'être patient... Alors calmement, ne laissant aucunement la panique prendre le dessus de ce contrôle que je retenais, je reprenais. " Je viens du campement qui vient d'éclater, à quelques mètres de là, j'imagine que tu en faisais parti. Je m'appelle Delilah." Ce ton conciliant n'avait rien de gentil ou de particulièrement aimable, non c'était simplement pour me sauver les miches. Après il aurait droit à la froideur qui me correspondait, celle qui venait marquer mon visage de traits durs. Mais là c'était plutôt mission séduction ... J’avançais d'un pas, puis d'un autre, avançant devant lui, facilitant son observation. Puis décidait de lui cracher cette foutue vérité face à face. A ce mec soigné.  " Si tu comptes me tuer, fais le rapidement! J'ai pas toute la journée..."  Ceci s'appelait du culot ou sinon un suicide. Mais je n'étais pas patiente, et ce revolver sur ma tempe à présent m"irritait profondément.

MUSCLOR.

« we can't go back. »

S'attacher ou fuir ce monde auquel j'appartenais. Combien de fois y avais-je pensé? De chaque jour à chaque nuit. Des heures aux minutes jusqu'à ces secondes limpides. Ces secondes où l'espoir se perdait au creux de cette léthargie tacite, facile. Je somnolais et sommeillais sur ces bases désinvoltes. Je me taisais et me tassais au loin des yeux virevoltants. Absente tout en étant présente. Ce contraste de volonté m'offrait cette dualité constante, et parfois je préférais fermer les yeux que scruter cette vie qui me contentait. Cette vie d’éphémère, où chaque beauté se révélait piquante et toxique.  Une terre de silence et de murmures anesthésiés allongeait sur les restes de ce passé. Ces mots effacés pour s'oublier. Une simple décadence des pêchés alors que le monde continuait à tourner. Et ce temps obnubilant, ces jours se comptant, se froissant au fils de cet enfer véhément.  La vérité étant que dans ce monde variant, personne ne peut vivre seul éternellement. Seul certains dans leurs blasphèmes d'ignorants se permettaient d'y croire. Mais je ne faisais pas partie de cette catégorie, je me battais pour ce que je voulais. L'ignorance était un fait que je ne pouvais concéder et me froisser de douces illusions ne m'aiderait pas à m'en sortir. Ni ici ni jamais. C'est pour cela qu'en voyant cet homme au loin, mon espoir s'était restreint. Etre accompagné signifiait plus de chance de survie mais surtout un non accès à la folie. La démence était une voie si facile... N'hésitant pas un instant, je me laissais suspecter par ce brun. Il semblait perplexe son arme en main. Ce dernier ne me disait rien pourtant il acquiesçait lorsque je lui parlais de mon ancien campement. Comment se faisait-il que sa tête ne me revenait pas? Les sourcils froncés, les questions déambulaient dans mon crâne, la curiosité me piquant à vif. Mais c'est l'impatience qui me laissait faire un coup de bluff certain.

Ok ce geste de s'approcher de lui en lui montrant que j'avais des cojones était sans doute une piètre idée, cependant l’intérêt était de l'impressionner ou de moins lui prouver que je n'étais pas aussi faible que je pouvais le laisser paraître en ce moment. Étonnamment, l'homme ne réagissait pas, même il semblait s'en foutre. Il haussait les épaules avant de me dire. "Si tu représentes pas un danger, il n'y a pas de raison pour que je fasse ça. Si t'as une arme, tu ferais mieux de la garder bien sur toi, prête à t'en servir." Puis il reprenait sa marche comme si de rien n'était. Je le fixais surprise. Ok cet homme qui qu'il soit était soit un suicidaire soit un détraqué qui semblait se satisfaire de ce qu'il se passait. C'était bien la première fois que je voyais ça, je venais de lui prouver mon instabilité et lui m'intégrait. Je lâchais un petit okay discret, me contentant de la compagnie de ce dernier, n'ayant pas trop le temps de me trouver un autre compagnon de route. On verrait bien plus tard ce qu'il valait. Le suivant de près, j'attrapais mon revolver dans mon sac d'infortune, guettant les moindres gestes suspects, tout en guettant mon accompagnateur. La confiance était une denrée difficile à confier, mais pour l'instant je lui offrais quelque peu. J'étais dans un tel état que je n'avais d'autres choix. Mon corps me tirait de chaque côté, chaque pas me tiraillant le bas ventre. La brûlure de mes nerfs me consumait alors que je m’essoufflais beaucoup plus rapidement que la normale. Il fallait trouver un abri, le temps que je désinfecte toutes mes plaies. " Ecoute, je sais pas qui tu es ou quoi que ce soit mais le soir menace et se baladait en pleine forêt dans l'obscurité n'est franchement pas une bonne idée. " 2 heures s'étendait bien devant nous avant que le soleil se couche, mais je cherchais un bon alibi pour me sortir de cette situation étroite, mon visage ayant virait au blanc depuis quelques minutes déjà.

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