LA FOLIE DU SURVIVANT

Courir, se cacher, encore et toujours la même chose, voilà ce qu'un véritable survivant se doit de faire pour éviter de finir en pâture pour zombies. Aucun répit n'est accordé pour une âme solitaire à la recherche d'un but bien précis synonyme de vengeance sous toutes les formes. Depuis trop longtemps à mon gout je lutte pour survivre en éliminant les zombies que je croise pour éviter de me faire avoir dans mon sommeil, mais la menace demeure plus grande encore. Le monde n'a pas été préparé à vivre dans de telles conditions, le cannibalisme date de plusieurs siècles et existait encore dans certains pays, mais c'est un moyen auquel on n'a recours en cas d’extrême nécessité, mais pas pour le plaisir, pas pour faire souffrir les autres. J'avais encore du mal à m'en remettre de la mort de ma famille, elles me hantaient dans mes pires cauchemars. Je ne méritai pas ça, j'ai tout fais pour les garder en vie, je n'étais pas responsable de leur mort.

Courant à vive allure à travers une rue déserte de toute vie humaine, j'entendis une voix appeler à l'aide, celle d'une petite fille provenant d'un des bâtiments non loin de ma position actuelle. Je ne vais pas vos mentir, l'idée d'y aller ne m’enchantai pas, c'était une cause perdue, elle était déjà morte et valait mieux maintenant que trop tard pour éviter d'avoir à faire à d'autres problèmes pouvant s'avérer bien plus graves. Sauf que je ne pouvais pas m'y résoudre, c'était plus fort que moi. Aider une inconnue ? C'était peut-être pas la meilleure option maintenant que le monde a sombré dans le chaos, mais c'était un moyen pour moi de me racheter du fait que je n'ai pas réussi à sauver ma propre fille par conséquent. Madison, je ne reverrai plus jamais son visage, son sourire, ses rires, ses pleurs, elle n'était plus qu'un souvenir. Enjambant les obstacles se trouvant sur ma route, je ne ralentissais pas la cadence, fonçant encore un peu plus vers le fameux bâtiment. Du regard je vis deux zombies entrer à l'intérieur du bâtiment. D'une main, toujours en courant, je pris mon couteau pour finalement venir le planter derrière le crane du premier zombie, le second se tourna directement vers moi, je lui attrapa le crane pour venir l'exploser contre la façade. Afin de garder une certaine discrétion, je devais opter pour une arme blanche. Le sang gicla sur la paroi, des morceaux de cervelles se répandit dessus, s'écoulant au fur et à mesure pour venir s'écraser sur le sol. Il en restait d'autres. Dans ma tête, je me promis de la sauver, quoi qu'il arrive. Sans attendre une seule seconde, je grimpa en vitesse les marches menant au dernier étage, croisant un autre zombie dans les escaliers. Je lui brisa rapidement la nuque avant de continuer. Le temps était comptait et il suffisait d'une seule seconde pour que tout se termine, pour que l'espoir de la petite se volatilise en même temps que sa vie.

L'odeur de putréfaction se fit de plus en plus présent, me montrant le chemin à suivre pour arriver à la source du bruit, là où les rôdeurs se trouvaient. Mon cœur se mit à battre d'une façon irrégulière alors que j'approchai du sommet. Finalement, c'est quatre rôdeurs que je vis marcher sans but dans le couloir légèrement éclairé par les quelques rayons du soleil se faufilant à travers la grande fenêtre où se situaient les escaliers. Quatre, tous à une distance raisonnable pour pouvoir les éliminer afin de pouvoir ensuite sortir avec la petite sans craindre le moindre danger. Enfin, le danger était partout, c'était une façon de parler. Attrapant bien fermement le couteau en main, j'exécuta les deux plus proches en plantant le couteau en plein milieu du crane. J'en ai oublié le troisième qui m'attrapa le bras, me poussant ainsi contre le mur. Je me débattis du mieux que je pu avant de le faire trébucher en lui assénant un coup de pied sur le genoux. Il s'écrasa au sol, c'est ensuite ma botte qui trouva son crane, l'écrasant littéralement suite à deux coups. Le dernier quant à lui, était à une bonne distance. Pas le temps, j'avança vers lui pour lui planter au passage le couteau dans l’œil, le faisant bien tourner pour mettre fin à son existence. J'étais enfin là, je murmura d'ailleurs à voix basse.

" J'arrive petite."

Une étrange sensation s'empara cependant de moi, comme une sorte de poids sur les épaules, l'air se refroidissant tandis qu'un léger frisson me parcouru. L'adrénaline probablement, un effet secondaire sans réelle importance. Prudent, j'ouvris la porte délicatement, me laissant entrevoir un appartement en désordre comme je m'y attendais. Du mobilier, de la paperasse, rien d'étonnant jusque là. M'assurant qu'aucun rôdeur n'était présent, je pris à nouveau la parole pour prévenir la petite qu'elle pouvait sortir de sa cachette.

" Tu peux sortir, il n'y a plus de....ces choses. Hé ? Petite ?"

Aucun bruit. Où était-elle ? Elle pouvait enfin sortir, c'était sa chance, je n'allais pas rester éternellement ici. Plissant les yeux, je tenta de déceler un endroit dans l'appartement où elle aurait pu se cacher, placard, dérrière un mobilier. Je fis le tour...

" Qu....qu'est-ce que...."

Je me racla la gorge nerveusement en voyant qu'il n'y avait personne. Impossible, j'ai bien entendu une voix.

" Tu es là....pourquoi. Pourquoi tu nous as pas sauvées ?"

Une voix se fit entendre derrière moi, la même voix que celle qui appelait à l'aide quelques instants plus tôt. Mais qu'est-ce qu'elle racontait ? Les sauver ? Qui ça ? Je me retourna pour voir...

" Non...tu n'es pas réelle. Sors d'ici....Dégage."

Je leva cette fois-ci mon arme à feu, braquant sur la silhouette face à moi. C'était quoi ce bordel ? Elles étaient mortes, ça ne pouvait pas être elles. Je recula de quelques pas, dans le flou total. C'était tout bonnement impossible. Mais une autre voix me parvint aux oreilles, provenant de derrière moi. Instinctivement je me stoppa net, fermant brièvement les yeux.

" Tu étais là, tu nous regardais sans rien faire. Tu nous as abandonnées Gareth et tu dois le payer."

Je n'ai abandonné personne, PERSONNE !!!!!! Je me retourna brusquement, mais il n'y avait plus personne, cette voix.....
Je baissa mon arme tout en venant m'adosser contre le mur gauche du salon. Je me laissa ensuite retomber sur le sol, la tête vers l'avant, la colère, la frustration, une profonde tristesse, ces émotions s'emparèrent de moi alors que je ferma les yeux. La folie, elle prenait de plus en plus de place dans mon esprit....pourquoi, pourquoi moi ?

 LA FOLIE DU SURVIVANT

Qu'est-ce qui se passait ? La mort de ma femme et ma fille n'ont-elles pas suffit ? Je n'ai rien demandé, j'ai fais tout ce qui était en mon pouvoir pour les secourir, mais je ne pouvais pas bouger, immobilisé par ces cannibales se délectant de la scène macabre qu'ils ont provoqués. Le pire dans toute cette histoire est que ce n'est pas la première fois que j'ai ces hallucinations paraissant si réelles et je me fais toujours avoir. M'étant persuadé depuis un moment que j'avais fait mon deuil, au fond je ne l'ai pas réellement fait et j'en paye encore les pots cassés. L'appartement était vide de toute présence, il n'y avait aucune petite fille à l'intérieur, tout était dans ma tête, tout se passait à l'intérieur et j'aurai pu y rester à cause de ça. Pourtant, je me suis juré de continuer ma route, de rester seul, de penser qu'à moi, à mon but, mais c'était plus fort que moi, je ne pouvais pas ignorer quelqu'un en danger alors que pourtant je devrai me méfier de ça. On n'apprend de ces erreurs. Les zombies, il y en avait plusieurs en dehors du petite appartement où je m'étais rendu. La fatigue ayant prit de plus en plus de place, je me laissa tomber par terre, le dos collé au mur avant que ma tête ne bascule légèrement vers l'avant. L'arme en main, je ferma les yeux sans pour autant m'assoupir, avec un peu de chance j'arriverai à chasser ces mauvaises visions, ces hallucinations.

Plusieurs secondes s'écoulèrent sans que je me rende compte tout de suite que quelqu'un venait d'entrer dans le petit appartement. Encore une illusion, il n'y avait personne, j'avais eu ma dose. Sauf que cette sensation qu'on ressent lorsque quelqu'un se trouve à coté de soi, elle est toujours là me mettant ainsi en alerte. Un zombie ? Je me racla silencieusement la gorge avant de relever le regard pour voir une silhouette, une jeune femme armée d'une machette. Qui était-elle ? Une pillard ? Probablement. Venait-elle me voler ? Non, pas cette fois, ça ne se passera pas comme ça. Je resserra l'étau autour de la crosse de mon arme avant de me lever, pointant cette dernière vers la jeune femme. Le cliquetis du chien de l'arme fut le seul bruit audible lui signalant qu'elle avait tout intérêt à ne pas faire de gestes brusques. Si elle tentait quoi que ce soit, je n'hésiterai pas une seule seconde à lui plomber la tête. J'avais l'avantage dans cette situation étant donné qu'elle n'avait pas son attention braquée sur moi, surement trop préoccupée à chercher quoi voler.

" Je te conseille de pas bouger."

J'hésita un moment en l'observant. Aucune arme à feu ? Le danger n'était pas immédiat si elle était seule, mais ça, je ne pouvais pas me l'assurer d'ici. Une certaine distance de sécurité était primordiale pour la situation. Avec toutes les habitations qui se trouvaient ici, il fallait qu'elle se pointe là où je me trouvai. Une journée calme n'est plus envisageable de nos jours. Je pris mon sac en main tout en continuant de la tenir en joug. J'étais pas d'humeur, donc elle avait tout intérêt à coopérer si elle ne voulait pas finir à coté des cadavres sur le sol. Si je pouvais éviter de la tuer, ça ne serait pas de refus, j'avais besoin de mes balles et elle n'était pas une cible, pas immédiate pour le moment en tout cas. En jaugeant la situation, je pourrai la contourner et me barrer, mais qui me dit qu'elle est vraiment seule et que personne ne m'attend en bas ? Trop risqué. D'un léger mouvement de mon arme, je lui fis signe de poser sa machette au sol et sans attendre.

"  T'es venue ici pour me voler ? Réponds."

Dur et froid dans mes paroles, valait mieux pas que ça soit le cas. Au moins, les bases étaient posées.

 LA FOLIE DU SURVIVANT

C'est pas parce que j'ai fermé les yeux que je dormais, j'ai le sommeil léger depuis que tout a commencé, impossible pour moi de me faire avoir de la sorte, j'étais pas assez inconscient pour m'endormir dans un tel endroit où j'étais proie aux zombies et aux possibles cannibales pouvant passer par là. Alors ses remarques du genre "Je me fous de ta gueule", elle pouvait se les garder, j'étais pas vraiment enclin à partager le même humour avec une personne comme elle. Oh non, je ne la connaissais pas, mais elle ne me disait rien qui vaille, elle avait l'air d’être le genre de personne à s'en foutre de tout et de tout le monde, pensant qu'à sa petite personne, une personne égoïste. Si tel était vraiment le cas, alors je ne pouvais que l'envier, si j'étais du même genre, je n'en serai pas là, à me retrouver dans un bâtiment délabré à cause de ma foutue imagination. L'arme toujours braqué vers elle, j'attendis qu'elle exécute l'ordre que je lui ai donné en posant sa machette au sol, elle n'en aurait pas besoin pour le moment. Par chance pour elle, elle fit ce que je voulais, mais ce n'est pas pour autant que j'allai baisser mon arme, il n'était pas question de faire la moindre erreur. Surtout que depuis tout à l'heure elle laissait entrevoir un coté provocant que je n'appréciai pas. Mais elle n'était pas là pour qu'on l'apprécie, non ? Elle s'en fichait pas mal tout comme je me fichai pas mal de ce qu'elle adviendra.

Non, j'étais pas de ce genre là, j'ai horreur des personnes comme elle et c'était pas le meilleur moment pour laisser filer quiconque juste parce que la personne le souhaite, non. Était-elle seule ? Accompagnée ? Était-elle une amie des cannibales ? Les apparences sont trompeuses. Sans aucune crainte, je m'approcha d'elle tout en gardant bien l'arme en main, d'un geste du pied je dégagea la machette en la faisant glisser un peu plus loin, le regard toujours planté dans celui de la jeune femme. Le silence était palpable, je n'ai pas décroché un mot depuis son arrivée, le seul bruit qui ressortit de cette situation est le râle de plusieurs zombies provenant d'en bas, ils étaient là, ils avaient surement suivis la jeune femme, une vraie débutante de ne pas avoir assurée ses arrières. Imbécile. Je déplaça mon regard rapidement par-dessus l'épaule de la jeune femme tout en lui donnant un nouvel ordre, toujours sur un ton froid et dur, ne laissant aucune émotion ressortir extérieurement.

" Bouge."

Je continuai bien évidemment de la tenir en joug tout en lui faisant signe de s'écarter sur la gauche, à l'opposée de sa machette qui elle, est au sol sur la droite. Elle n'allait pas s'en tirer comme ça, je l'ai bien dis. Les zombies quant à eux continuant de monter, réduisant l'écart entre eux.