Lori était à errer dans une aile de la Zone 51, n’était pas à l’aise, à moitié claustro’. Regardant dans certaines pièces, elle tombait sur des enfants jouant par terre, sur les tables. Elle eut un sourire. Pensive, elle se laissait embarquer dans ses souvenirs à l’orphelinat. Les enfants partout. Le pire c’était l’atelier peinture où ça se barrait vite en cacahuète. Des couleurs sur tous les tabliers, des bambins courant derrière leur maman de substitution pour la recouvrir de jaune, de vert, ou de bleu. Des rires, du soleil, de la joie… Tout cela lui manquait. Son chez elle lui manquait, Lucian lui manquait. Ce petit bout d’homme qui l’avait suivi partout avant et au début de cette apocalypse. Jusqu’à ce qu’il se fasse tuer d’une balle dans la tête quand elle s’est faite enlevée.

Son visage se décomposait soudainement et elle ne resta pas davantage là devant les enfants. Elle en avait trop sur les épaules pour supporter tout ça. Au fond, elle était peut être égoïste… Elle n’avait pas perdu son propre enfant sa chair de sa chair… Non… mais c’était presque pareil… Elle passait devant d’autres pièces, évitait les hommes en se collant aux murs, évitant leur regard lourd de sens. Ils la prenaient sûrement pour une folle dingue. Cependant, les sentir non loin d’elle la répugnait. Elle ne supportait que la présence de Conrad ici. Ils avaient eu une histoire ensemble enfin… Une histoire d’apocalypse bien avant qu’elle se fasse enlever. Ils avaient construit une sorte de famille jusqu’à ce qu’ils se séparent. Un moment dur qu’elle ne savait aborder.

Lori se risquait à jeter un œil dans une pièce dédiée à l’entrainement. Dans la pièce, une femme qui avait déjà bougé des hommes du chemin de Lori était là. Elle bougeait avec habilité, souplesse et franchise. Elle savait ce qu’elle faisait. Concentrée, elle dansait sur ses pieds, cognait dans l’air avec finesse. C’était une femme qu’on ne faisait pas chier. Celle qui ne se laissait pas faire. Qui n’avait pas peur. Cette femme lui rappelait Caïn. Son frère d’une année, son ami, un militaire désormais… Mais qu’était-il devenu ? Sûrement envoyé en première ligne dans cette merde. Elle eut une pensée triste… Remettant une mèche de cheveux derrière son oreille, elle continuait de regarder cette femme s’entrainer, c’était un « spectacle » qui lui changeait les idées.
Alors quand elle croisa le regard de la battante, elle s’empourpra. « Pardon… » dit elle en s’apprêtant à partir.

Alors, la guerrière s’appelait Alicia et elle tendait la main à Lori. La brune attrapait la main de la jeune femme qui semblait avoir le même âge. « Je m’appelle Lori. Je suis désolée… de vous avoir fixée ainsi… » Dit-elle gênée. Elle ne voulait pas la déranger, mais toutes ces nouveautés avaient cette tendance de plonger Lori dans de plus ou moins sombres pensées.

Alicia avait l’air d’être très gentille. Hauptman ignorait si l’apocalypse l’avait brisée, mais elle ne faisait rien paraître. Sa force physique et sûrement psychologique faisaient d’elle une femme courageuse et qui ne montrait pas sa peur. C’est ainsi que Lori la voyait. Elle avait un dextérité, une assurance que la brune admirait. Admirative, c’était le mot. « Vous faisiez quoi avant… avant tout ça… ? » engagea t’elle. Avait-elle fait militaire comme Caïn ? ou agent de sécurité ou autre profession qui incluait l’apprentissage des combats rapprochés.

En tant qu’employée d’orphelinat, Lori n’avait pas ressenti ce besoin d’apprendre à se défendre, se sentant en sécurité chez elle et ailleurs. Mais maintenant plus qu’avant, l’environnement était hostile et dégueulasse. Des fois, il y avait cette forte envie de se mettre en PLS dans un coin reculé et d’attendre que ça se passe. Mais les charognards qu’étaient les rôdeurs les retrouveraient toujours, pour les grignoter, les changer, les transformer. Une voie qui semblait sans issue.

Lori se sentait seule, elle n’avait plus personne, elle détestait seule. Elle se battrait jusqu’au bout comme elle peut et mourra si besoin est… Elle se laisserait bouffer ou transformer. Elle finirait seule surement. Elle n'avait aucun espoir en fait. C'était moche

La brune posa un regard intriguée vers sa nouvelle rencontre. « Ravie également… » Oh Lori ne causerait pas d’ennui tant qu’on ne venait pas l’emmerder, l’approcher de trop près. Elle n’était plus très à l’aise avec les relations humaines. Pour avoir souvent côtoyer des walkers ou la solitude dans ce monde, on en oublie souvent les vivants. C’était dur de redonner confiance, de se lier à quelqu’un sans se dire qu’il pourrait mourir d’un jour ou l’autre.

Lori était pessimiste. Elle pensait avoir perdue l’ensemble de son entourage. Elle n’avait pas d’espoir. Pas d’espoir de retrouver un jour, sa meilleure amie, Caïn ou autre cousins et amis de la famille Hauptman. Non. Elle n’y croyait guère et c’est ce qui ne la retenait qu’à un fil à la vie.

Oui tout le monde ici était dans le même bateau. L’Arche de Noë en quelque sorte. Sauf qu’il n’était pas question d’animaux mais bien d’humain… Enfin… Alicia était agent du FBI. « Oh bien moins risqué que ton boulot… » répondait elle en faisait une pause « J’étais employée dans un orphelinat. Je m’occupais d’enfants … » Lori posa un regard dans la salle. « J’ai… Enfin j’avais… » elle ne savait plus. Elle reprit «Un ami dans l’armée… J’ignore comment ça s’est passé pour eux… » Rien que d’y penser, son cœur fit un bon. Elle donnerait cher pour revoir une tête familière de sa vie passée. « Comment tu…. Comment as-tu vécu tout ça … ? demandait elle à l’ancienne agent du FBI. Au départ, Lori s’en souviens c’était le massacre, les reportage à la télé montrait des horreurs. Si au début, tout le monde pensait à un mauvais canular, type halloween trop tard… cela avait vite fait déchanté tout le monde quand le fléau s’était étendu.

Lori eut un léger rire quand Alicia fit une remarque sur les enfants qui mordent. La brune en connaissait un rayon sur les enfants… oui… C’était son métier, sa passion, sa vie… Et ce serait sûrement sa perte. Elle tenait tellement à ces petits êtres qu’elle risquerait beaucoup pour eux. Elle n’avait connu que ça dans sa vie. Les enfants en difficultés chez ses parents, les enfants abandonnés ou orphelins… Elle en avait vu des vertes et des pas mûres. Alors que ce sont des êtres qui n’ont rien demandés. Pour certains la vie était injuste, ils subissaient les conneries de leur parents, d’autres les voyaient mourir sous leur yeux et aujourd’hui ça n’allait pas… S’ils avaient de l’aide avant, maintenant, c’était au petit bonheur la chance. Soit ils se faisaient manger par les rôdeurs, soit ils étaient recueillis.

CIA FBI et l’armée n’avaient fait plus qu’un… De toute manière, cela n’étonnait pas la faiblarde de Lori. Non. Tous ceux qui avaient pu se battre avaient été appelés sur le front pour battre ce nouvel ennemi commun. Ces morts vivants tout droit sortis de ce mauvais film d’horreur… Ce cauchemar. Ce mythe. Lori n’y avait jamais songé. Jamais, pour elle, cela n’aurait pu arriver dans ce monde, dans ce temps… Non, elle avait cru en un avenir paisible, guilleret, où seul son travail aurait pu la tracasser. « Les groupes étaient expérimentaux au début, je pense… Pas très sûr quand on ne sait pas se défendre. Car c’est dans ce type de situation que se révèle la vraie nature des gens » dit elle avec un regard sombre.

Oui il y avait eu de bonnes personnes… Mais aussi bien des connards, des monstres, des horreurs… Des mecs se croyant supérieurs aux autres, des maniaques du contrôle, des mecs qui n’arrivaient à contrôler leur pulsions, leurs envies… Des esclavagistes pour certains, qui n’hésitaient pas à enlever des femmes afin d’en faire leur plaisir personnel… A cette pensée, Lori eut un frisson qu’elle ne pu réprimer. « et que… que penses-tu de cet endroit… ? se risquait elle.

Pour le moment, elle n’avait pas croisé ses ravisseurs, et c’était tant mieux… Elle espérait qu’ils soient morts. Qu’ils n’existent plus. Qu’ils aient soufferts… Elle l’espérait si fort que cela aurait pu paraître honteux dans d’autres circonstances. Mais elle n’avait pas honte de les haïr, de les vomir… Elle les craignait, certes. Mais jamais au grand jamais, elle ne les aimerait. « Tu as pu retrouver des proches ? »