« J’veux être vétérinaire. » Personne n’avait été surpris lorsque ces mots s’étaient échappés de ma bouche du haut de mes 4 ans. C’était comme si mon avenir était tout tracé. Étant né sur une ferme, j’étais en contact avec les animaux depuis mon plus jeune âge, j’ai régulièrement assisté mon père lors des soins qu’il prodiguait aux animaux de notre ferme. Je passais mon temps à lui poser des questions. On peut dire que j’ai commencé ma formation tandis que j’étais haut comme trois pommes. Pour moi, il n’y a jamais eu de doute sur mon futur et il n’y aurait pas pu en avoir. Chez les Hamilton, les hommes étaient vétérinaires de père en fils depuis plusieurs générations déjà. C’était mon avenir, mon destin et rien ne m’en a détaché. Jusqu’à ce que je sois en âge de débuter mes études supérieures, j’ai aidé énormément mes parents sur la ferme et j’y ai toujours pris du plaisir. Entouré d’animaux, j’étais dans mon domaine. Pour être honnête avec vous, j’ai eu une enfance plutôt banale, mais très heureuse. Aucun événement marquant sauf peut-être la naissance de ma jeune sœur, Kelly-Ann, qui a un peu chamboulé le rythme familial. Au début, je n’étais pas content, car je voulais un petit frère, mais je suis tombé rapidement sous le charme de cette boule d’amour. Lorsque je ne prenais pas soin des animaux de la ferme, je passais du temps avec Kelly. Nous avons toujours été proche et ça n’a jamais vraiment arrêté.

À l’âge de 18 ans, j’ai quitté ma rive sud de Québec pour l’Ontario. J’aurais pu faire mes études à Montréal, mais j’ai préféré m’éloigner davantage. Premièrement pour améliorer mon anglais qui n’était pas génial. Je savais me débrouiller, mais sans plus. Deuxièmement, par envie de m’éloigner du cocon familial pour me forcer à me débrouiller par moi-même. Ma première année a été pénible. La barrière de langue fut pire que j’aurais cru. Je n’ai pas eu des notes extras contrairement aux réelles connaissances que j’avais. Heureusement pour moi, j’ai rapidement amélioré mon anglais et ma seconde année s’est mieux déroulée. La suite également et j’ai obtenu mon diplôme avec mention. Diplôme en poche, je suis retourné à Québec pour aider mon père dans sa clinique comme le voulait la tradition familiale. Sauf que le problème fut que je suis tombé amoureux d’Ontario après plus de 5 ans là-bas. J’aimais beaucoup Québec, mais je mourrais envie de retourner dans la province la plus peuplée du Canada. Après discussion avec mon père, nous avons opté pour agrandir la clinique. Pourquoi ne pas ouvrir un second bureau après tout ? C’est ainsi que je quittai définitivement Québec pour aller ouvrir ma clinique en Ontario.

Malgré les débuts difficiles, j’ai réussi à gagner la confiance des habitants de mon quartier. Même si ma passion restait les gros animaux ou plus particulièrement ceux de la ferme, j’ai débuté auprès des animaux domestiques. Après deux ans, j’avais les moyens pour engager un second vétérinaire et je le fis. Dans un premier temps pour me donner un coup de main, car j’avais de plus en plus de client. Dans un second temps pour offrir un service à domicile. Je voulais pouvoir quitter sereinement la clinique le temps d’aller aider des animaux malades sur les fermes et écuries du coin. Je suis allé chercher une médecin qui sortait tout juste de l’école. Je savais que ce n’était pas facile de commencer et j’ai désiré donner une chance à un débutant. Claire. Elle s’appelait Claire. Et comment dire ? Je suis tombé sous son charme dès l’entrevue. J’admets ça a peut-être biaisé légèrement ma décision finale, mais je n’ai jamais regretté ma décision. En plus d’être une excellente vétérinaire, elle était une personne incroyable. J’en suis tombé amoureux. Fou amoureux. Jusqu’à là, j’avais eu une vie amoureuse plutôt tranquille. Quelques courtes histoires ici et là, mais rien de concret. Claire a complètement changé ma vision de l’amour et m’a donné envie d’aimer une personne jusqu’à la fin de mes jours. Même si au fond de moi, j’ai su assez tôt que j’allais épouser cette femme, j’ai appris à la connaître avant de faire la grande demande. Et devinez quoi ? Elle a accepté. J’ai cru mourir d’une crise cardiaque lorsque j’ai posé un genou devant elle pour lui offrir la bague. Je crois que je n’ai jamais été aussi nerveux de toute ma vie, mais heureusement ça s’est bien terminé et nous nous sommes mariés. Mariés et parents de trois chats et un chien. Les enfants n’étaient pas encore dans les projets. On voulait se concentrer sur notre clinique. Oui, je considérais la clinique comme la nôtre depuis que nous nous sommes unis pour la vie. Malheureusement la petite histoire parfaite pris fin en 2012.

Une épidémie s’est rependue sur l’intégralité de la planète. Malheureusement c’était pire qu’une grippe ou une gastro. On ne pouvait pas se permettre de rester en place et d’attendre que ça passe. Avec Claire, nous avons rejoint un camp militaire assez rapidement. J’ai eu beaucoup de mal à tout laisser derrière moi, mais protégé ma douce femme est rapidement devenue une priorité pour moi. Dieu seul sait ce qui se serait passé si nous n’avions pas rejoint ce camp. Après tout, nous étions médecin, nous avions très peu de connaissance dans le maniement des armes à feu ou en combat. Alors nous aidions notre groupe au mieux de nos connaissances médicales. Ça ne plaisait pas aux « vrais » médecins du groupe, mais peu importe. Si nous pouvions être utiles, on se fichait complètement de la pensée des autres. Souvent, nous devions bouger. Les infectés étaient partout et parfois nous attaquait en groupe nous forçant à bouger rapidement. Ce petit manège dura plusieurs mois. Nous étions en mouvement constant vers un laboratoire. On parlait d’un possible remède et d’un fort besoin de médecins et de scientifiques. Je ne posai pas de questions. Tant que les militaires nous assuraient leur protection, je n’avais aucune raison de me plaindre. Ils se chargeaient du sale boulot, on devait se contenter de les suivre et de survivre.

Ça aurait été trop beau que tout se passe comme prévu n’est-ce pas ? Je ne me souviens pas très bien de cette nuit-là, mais un bon ami à moi avait trouvé un jeu de cartes dans une cabane abandonnée et nous jouons tranquillement autour du feu. J’avais souhaité bonne nuit à ma femme et j’étais retourné à mon Poker improvisé avec d’autres hommes du groupe. Une petite dispute amicale éclata entre deux joueurs et c’est ce qui nous empêcha d’entendre les pas titubants qui avançaient vers nous. C’est en sentant une présence derrière moi que je me suis retourné. J’ai à peine eu le temps de mettre mes mains devant pour repousser l’infecté que ses dents se refermèrent sur ma main gauche entre mon index et mon pouce. Horrible. La sensation fut horrible. J’ai hurlé comme jamais en sentant la peau de ma main se déchirer et ensuite plus rien… Je crois que j’ai été assommé par un militaire dans l’espoir de me faire taire. Ça a bien fonctionné en tout cas.

Je me suis réveillé quelques jours plus tard complètement en sueur, en panique et sans savoir où j’étais. Une lumière m’aveuglait, mais j’ai réussi à distinguer plusieurs ombres autour de moi avant de retomber dans les pommes. Je suis revenu à moi un moment plus tard, une jeune femme devant moi me tendait un thé avec un doux sourire. Je me souviens qu’elle m’a expliqué des choses pendant plus d’une heure, mais je n’ai rien retenu. Elle parlait d’amputation, de fortes médications et d’essais… Je suis resté des mois dans cette pièce blanche. Je suis passé par toutes les émotions. La joie, la colère, le besoin de tuer, la tristesse, la panique, la paranoïa… Dès que j’atteignais un stable incontrôlable, on m’injectait quelque chose et je m’endormais. Des mois entier où je n’ai rien compris de ce qu’on me faisait. On m’expliquait des choses, mais je ne m’en souviens pas. Encore aujourd’hui, j’ai très peu de souvenirs de cet endroit. J’ai juste fini par comprendre que c’était un laboratoire caché où des spécialistes se servaient des gens mordus pour faire des expériences sur eux. J’ai servi de rat de laboratoire. Et honnêtement ? Même si j’en ai souffert que j’ai des dizaines d’entailles sur les bras, je n’en veux pas à ses gens qui m’ont sauvé la vie et qui ont seulement essayé de comprendre ce qui s’était passé avec moi. J’ai pris plusieurs mois avant de réellement comprendre que j’avais perdu mon index et mon pouce gauche. Un choc, mais ce n’est rien deux doigts à côté d’une mort certaine. Les miliaires qui m’ont ramené avaient pour mot d’ordre d’amputé le prochain mordu. Personne ne savait ce que ça allait faire, j’étais le cobaye numéro 1 de l’amputation. Et ça a fonctionné… On m’a surnommé le Miracle. Et pendant plusieurs mois voire année, j’ai cru que c’était mon véritable prénom. Mes souvenirs étaient tellement flous et j’étais dans un état instable. J’étais constamment sous médication et on se servait régulièrement de mon sang sur d’autre. Je ne sais pas ce que les médecins de la place avaient en tête, mais il n’y avait rien de particulier dans mon sang. L’amputation avait empêché le virus de circuler. Mais ils étaient persuadés du contraire… Jusqu’à ce que l’évidence leur saute au visage. Je n’étais pas un cas exceptionnel.  

Il y a deux ans de ma vie qui m’échappent complètement, mais mes souvenirs recommencent quelque part en 2014. J’étais toujours dans ce laboratoire indépendant qui se trouvait dans le sous-sol d’une base militaire cachée à Brooklyn. À partir de là, j’ai commencé à m’intéresser davantage au combat et à des moyens de me défendre. J’étais maintenant libre de mes mouvements à l’intérieur de la base, je me suis fait plusieurs amis et j’ai débuté un entraînement régulier. Déjà, j’ai amélioré considérablement mon endurance. On courrait autour de la base plusieurs heures par jour. J’ai appris des techniques de combat au corps à corps et quand ils m’ont senti prêt, ils m’ont autorisé à les accompagner dehors. C’est là que j’ai tué mes premiers rôdeurs. J’ai hésité au début, je n’aimais pas ça, mais ma vision des choses a changé et aujourd’hui, les remords n’existent plus.

2016… Notre base a été découverte et attaquée. Nous avons tout perdu. L’attaque s’est produite pendant que mon unité et moi étions en chasse. Nous avons été les seuls survivants. Nous avons volé un véhicule à nos assaillants et nous avons pris la fuite vers le sud. Nous avons suivi comme piste un vieux message radio. Malheureusement, cette piste ne nous a menés nulle part. Alors pendant plusieurs mois, on s’est contenté de survivre. Jusqu’à entendre parler de cette histoire de vaccin en Californie. C’était de la folie de s’y rendre, mais nous n’avions pas d’autres options. Un étrange déclic s’est fait dans ma tête lorsque mon ami parla des Sauveurs. Je connaissais ce nom… J’ai pris plusieurs jours à comprendre, mais on était en train de se diriger vers l’un des laboratoires que Claire et moi avions tenté de rejoindre au début de l’épidémie. Tout de suite, j’ai ressenti de l’espoir que je n’en avais jamais ressenti. Ça fait peut-être plusieurs années, mais Claire est peut-être toujours vivante ? En sécurité avec les Sauveurs ? Dites-moi… Je vous en supplie ? Elle est avec vous…? Certes… De base, le groupe devait se rendre à New York, mais en 5 ans, un déplacement vers la Californie n’est pas impossible. Alors c’est pour ça qu’on est là. Certes, avec un bon 10 mois de retard pour le vaccin, mais essayez de travers le pays sans mourir et on s’en reparlera d’accord ? Maintenant, je peux avoir un verre d’eau ? Je meurs de soif à vous raconter ma vie. Vous avez besoin de d’autres détails pour me laisser entrer ? … Ah oui, les bombes… Nous n’avons pas été affectés. Nous les avons entendus, mais nous étions trop loin. Et franchement ? Ça n’aurait pas pu nous empêcher d’arriver ici. Nous étions trop déterminés pour ça. C’est vous qui vous êtes amusez à tout faire sauter ? Pardon, pardon ! Je me tais !

Letizia L. Zocchetti a l'immense plaisir de te valider !
Félicitations, tu rejoins le groupe de I see a opportunities
Voila ENFIN Je te valide avec beaucoup de joie ! J'aime bien ton personnage il est intéressant, j'ai hâte de voir les retrouvaille et le ship avec Claire !


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