Il n'est pas de moments plus agréables que celui qu'est en train de vivre Naël. Allongé sur le capot de sa voiture, une cigarette entre les lèvres, il regarde le ciel. Autour de lui, c'est le calme le plus complet. Au milieu de ce silence assourdissant, il croit même distinguer les chants d'oiseaux ... Un miracle, par les temps qui courent ! Quelque chose de très inhabituel, croyez-le bien. Dans sa main qui ne se lève pas de temps à autre en direction de sa bouche afin de lui permettre d'expirer toute la fumée toxique, un MP3. Vestige du passé, mais néanmoins encore en état de marche. Dessus, il n'y avait rien de très glorieux à ses yeux, de la musique pour jeunes, comme il l'appelle si bien. De la musique datant d'une année ou deux grand maximum précédent les prémices de l'épidémie. Rien d'exaltant pour quelqu'un comme lui, donc. Il a toujours carburé au rock'n roll, aux musiques les plus anciennes que possible. C'était là, pour lui, que se trouvaient les meilleurs morceaux de tous les temps. Et il le pense toujours. Mais ce MP3, c'est une aubaine. Dans les jours à venir, il s'efforcera de trouver un moyen de le recharger ... Et cela pourra peut-être le faire. Qui sait ? Un jour, il tombera peut-être sur un ordinateur en état de marche, sur lequel se trouveront des musiques plus à sa portée ? Il ne perd pas espoir, Naël. Il n'est pas comme ça. En attendant, le MP3 n'affichait plus que 30% de batterie il y a de cela trente minutes, et il l'a donc éteint pour le préserver un peu. Pour l'user jusqu'au bout ... Mais pas trop vite non plus. Il l'a trouvé la veille, c'aurait été dommage de ne pas en faire bon usage. Tiens, d'ailleurs, il va aller montrer tout cela à Aelisia ! Il ne lui a pas encore fait part de sa trouvaille parce qu'il n'est pas encore retourné à l'intérieur même du camp.

Une fois n'étant pas coutume, Naël a dormit dans sa voiture. Sur le parking du camp des sauveurs, mais dans sa voiture tout de même. Il était tard, quand il est arrivé pas loin et il n'avait aucune envie de se soumettre aux gardes encore plus vigilants lorsqu'il fait nuit. La matinée est désormais bien avancée - et oui, il est parvenu à dormir jusque tard, il ne se sent jamais plus en sécurité que lorsqu'il est dans sa Titine adorée -. Mais à présent, l'après-midi commence à prendre le dessus et il est grand temps qu'il retourne sur le campement. Le jeune homme termine sa cigarette en la savourant jusqu'au bout, et sans se soucier d'atteindre le filtre d'ailleurs, avant de se lever un peu trop précipitamment. C'est avec relativement d'efficacité que les soldats à l'entrée le fouillent, puis le laissent rentrer. Ils ont l'habitude, de le voir faire des allers et venues. Il n'y a rien de différent aujourd'hui ... Rien de différent, si ce n'est le bruit assourdissant qui se fait soudain entendre. Toujours près des soldats, Naël saute sur ses pieds en faisant un demi-tour intégral. Les yeux plissés, il regarde les alentours. Qu'est-ce que c'est que ça ? En levant le regard en direction du ciel, il a une ébauche de réponse : un avion vient de passer au-dessus de leur tête ... Il le voit faire demi-tour, et revenir non loin d'eux. Cette fois, il ne se contente pas de passer ... Une bombe tombe de là-haut, et vient s'écraser à quelques mètres de l'entrée. Pas assez près, heureusement, pour blesser qui que ce soit. Mais assez, en tout cas, pour faire réagir Naël en un quart de seconde. Sitôt la première bombe lâchée et l'incrédulité tassée, il se précipite en direction du camp. Il se met à courir aussi vite que possible avec une seule idée en tête : trouver Aelisia. La trouver, et partir avec elle. Qu'elle le veuille ou non. Il ne sait pas du tout ce que tout cela veut dire, mais cela n'augure rien de bon ... Il en a l'intime conviction ! Et, comme pour le convaincre qu'il est dans le vrai, une autre bombe vient s'effondrer, plus près du camp encore. Ils doivent partir d'ici. Et vite.