Après avoir poussé ses pérégrinations au coeur des Etats-Unis, Milo est de retour dans un état qu'il n'a que trop bien connu. Beaucoup de souvenirs y sont restés accrochés, des bons, des moins bons. Il ignore s'il aime se retrouver en Californie ou s'il déteste poser les yeux sur certains lieux qui le catapultent des années en arrière. Il n'est pas particulièrement fier du Milo qui a traîné ses bottes ici dans le passé. Bon sang, il a l'impression que c'était il y a des siècles...
La vieille mustang qu'il conduisait l'a lâchement abandonné il y a des dizaines de bornes. La nuit commence à tomber et Milo sent que cette dernière sera introspective. Quand il se retrouve trop longtemps seul et sans interlocuteur, il s'égare souvent dans ses pensées, affrontant encore et encore le jeune homme qu'il fut, les erreurs qu'il a commises. Parfois, comme une bouffée d'air pur, c'est le souvenir d'un moment agréable qui surgit de sa mémoire. Mais Milo réalise que ces derniers se font de plus en plus rares. Un panneau rongé par la rouille et la végétation indique la présence d'une aire de repos à quelques kilomètres. Pas grand espoir d'y trouver quoique ce soit maintenant si ce n'est quatre murs et un toit. Un luxe quand on est sur la route. Si Milo ne traîne pas et accélère l'allure, il y sera avant qu'il ne fasse nuit noire. Pourvu que les lieux soient déserts.

Je suis né ici, dans cet Etat...la Californie. Je suis le fils unique d'un couple qui appartient à l'élite de la nation. Mon père était sénateur et ma mère était journaliste politique. Ca a grandement aidé mon paternel à gravir les échelons qui s'était mis à rêver de la Maison Blanche peu de temps avant que le monde sombre dans le chaos. Quand à moi, et bien, j'étais le genre de jeune héritier, promis à un brillant avenir, qui se lançait dans des études de médecine encouragé par une communauté massive d'anonymes que je faisais rêver sur Facebook, Twitter ou Instagram. Je pouvais tout faire, rien ne m'était interdit et j'étais tout le temps entouré, sollicité par des gens prêts à tout, même à perdre tout amour-propre, pour que je les honore d'un RT, d'un selfie ou d'un tag. Des milliers de noms composaient mes listes de contacts mais il n'y en a toujours eu que deux qui étaient fondamentalement importants. Danielo et Valentina sont des amis d'enfance. Si je ne me souviens plus comment ils sont entrés dans ma vie, je sais qu'ils ne l'ont jamais quitté. Même aujourd'hui...quand je lève les yeux au ciel dans les rares moments de paix et d'accalmie, je me demande s'ils contemplent le même bleu, les mêmes étoiles que moi. Valentina fut ma meilleure amie. A la fois confidente, conseillère, donneuse de leçons, les souvenirs qu'elle m'évoque sont toujours plein de sincérité et d'authenticité. Elle arrivait toujours à me tirer les vers du nez et j'ai jamais réussi à comprendre comment elle arrivait à ce tour de force. Elle devrait faire une mère chiante mais géniale. Quand à Dan...c'est plus compliqué. Je lui dois tellement et il ne doit pas en avoir la moindre idée. Ce fut un ami pendant de longues années, un frangin avec qui j'enchaînais des âneries bon enfant et complices. Et puis, les années avançant, je me suis mis à le regarder différemment. J'ai tout gardé pour moi, continuant à faire ce que je faisais le mieux à cet époque...mentir et jouer un rôle. Val a vite flairé le coup fourré, je ne lui ai lâché que des demies confidences, incapable d'émettre à haute et intelligible que j'aimais son jumeau. Mais elle a compris. C'était comme ça avec Val...elle comprenait sans que je ne parle. On a tous les trois continuer de vivre dans le mensonge et le secret. J'avais faire jurer à Valentina de ne rien dire, jurer sur son honneur, je savais qu'elle la bouclerais dès qu'elle aurait promis. C'était dur de me taire face à Dan, difficile de me contrôler, compliqué de gérer les sentiments qui m'agitaient dès qu'on se retrouvait rien qu'à deux. Tôt ou tard, je perdrais le contrôle et j'avais pas envie de ça.
Et c'est ce qui s'est passé. On s'est engueulé, je lui ai balancé que je l'aimais depuis des années et que c'était pas comme un frère ou un ami. Je le lui ai répété plusieurs fois, avouant mes mensonges, mes manipulations, mes secrets. Le ton a monté, les phrases ont cinglé les egos, les reproches ont fusé et je suis parti en claquant la porte plein de rage, de colère...autant envers moi-même qu'envers Dan. Le lendemain, l'épidémie de grippe bizarre dont on entendait parler sur le campus commençait à devenir incontrôlable.

Aucune mauvaise rencontre sur les quelques kilomètres que Milo devait parcourir jusqu'à l'aire de repos. Avec soulagement, il découvrit une station service mainte et mainte fois pillée mais dont le toit parfaitement plat était un excellent abri pour la nuit. Après avoir inspecté les lieux, après avoir bloqué l'unique porte d'accès, après avoir fait le tour du toit pour se ménager une issue de secours, Milo s'était enfin posé. Minutieusement, il avait entretenu ses armes, il avait vidé et rangé son sac après en avoir établi un inventaire complet. Curieuse nouvelle habitude pour celui qui n'avait jamais compté quoi que ce soit dans sa vie, pourtant, il se pliait tous les soirs à cet exercice. Machinalement, il grignota une ration de viande séchée.

Quand l'apocalypse nous a frappé, j'étais reparti sur le campus après l'engueulade avec Danielo. Je me souviens avoir ignoré ses appels, ses messages. Et puis, j'ai perdu mon téléphone dans un mouvement de panique. Les premiers jours de survie, je les ai passé avec un prof et une poignée d'étudiants. On s'était réfugié dans une aile peu fréquentée de l'université. On y accueillait les autres rescapés et on y a compris la propagation du virus. Nous y sommes restés plusieurs semaines à essayer de survivre et d'étendre notre zone de sécurité, bâtiment après bâtiment. J'ai passé de nombreuses nuits à veiller et à assister mes anciens profs. Je crois qu'on apprend jamais aussi facilement qu'en situation de crise et pour éviter de devenir dingue, je me suis jeté à corps perdu dans une sorte de bachotage frénétique et intensif jusqu'à être capable de gérer des chirurgies basiques. Et quand il a été décidé de partir en quête d'autres survivants, je me suis porté volontaire. Officiellement, c'était du courage, officieusement, j'avais besoin d'une bonne raison pour ne pas revenir. Car, je ne suis jamais revenu, je suis bien parti en quête de survivants mais ceux-là étaient bien précis. Bêtement, je me suis dit que le hasard remettrait Val et Dan sur ma route ou que je trouverais un message écrit sur un mur m'étant destiné, après tout, j'avais tellement l'habitude que tout se résolvait tout seul. J'ai vite déchanté. J'ai déprimé. Je me suis laissé envahir par la colère. Je m'en suis voulu. Je leur en ai voulu. J'en ai voulu aux morts. J'ai voulu tout abandonner. J'ai bien failli me laisser attraper.
Et je me suis relevé.

C'est tellement calme, songe Milo en balayant du regard l'horizon. Levant les yeux au ciel, il repère l'étoile du berger avant de se concentrer sur une carte routière de Californie. En six années de survie, il a appris des choses qu'il pensait complètement stupides auparavant. Se repérer aux étoiles, lire une carte routière, allumer un feu, sécher de la viande, suivre une piste, se déplacer silencieusement, connaître les végétaux, soigner sans chimie. Ca servait à rien en 2012 et aujourd'hui, c'était ce qui maintenait en vie et c'était presque devenue la meilleure monnaie d'échange. Les médecins sont rares et Milo sait très bien à quel point.
Il y a quelques mois, il a revu Danielo. Comment et pourquoi, il peine à rassembler les pièces du puzzle mais il était là. La situation était critique, ils étaient plusieurs humains et ils étaient cernés par les morts. Milo avait réagi sans réfléchir et dans un réflexe aussi stupide que spontané, il avait sauvé Danielo en chutant d'un immeuble. La suite n'est qu'un trou noir. Il a repris connaissance dans une camionnette, entouré de visages inconnus. Ils l'avaient retenu trois mois. Trois mois qui hantent le sommeil de Milo, trois mois de souvenirs qui tentent de remonter à la surface et qu'il étouffe avec rage.
Tu t'es échappé, mon vieux... se murmure-t-il. Ils sont loin maintenant.

Valentina Hendrix-Gomez a l'immense plaisir de te valider !
Félicitations, tu rejoins le groupe de I see opportunities

Comme il est intéressant ce p'tit Milo jolem déjà! Comme Danielo-le-plus-beau-et-plus-perfecto (j'aime les rime ) a validé j''le fais aussi ! J'aime ce lien que tu as évoquer entre Val et Milo même si le "elle ferait une mère chiante mais géniale " te vaudra des coups de fouet ! So on a plus qu'a mieux élaboré ce jolie petit lien ! et faire plein de RP de ouf ensemble ! Bon jeu et j'ai hâte de voir comme ton p'tit loulou évolue.

Ps: Pour Shadow Hunter, tu rate pas grand chose niveau scénario, c'est pas la série du siècle quoi, mais niveau lien entre les perso sa vaux le coup. Ils sont complexes et bien interprété. Enfin c'est mon humble avis.


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