désillusions

(la haine) † C’est l’histoire d’un homme qui tombe d’un immeuble de 50 étages. Le mec, au fur et à mesure de sa chute, il se répète sans cesse pour se rassurer : « Jusqu’ici tout va bien... Jusqu’ici tout va bien... Jusqu’ici tout va bien. » Mais l’important, c’est pas la chute. C’est l’atterrissage.

C'est encore et toujours le même discours que les fondateurs servent aux survivants, dans la zone. Non, tout n'est pas beau et réglé, là dehors. Et non, tout n'est pas terminé. Loin de là, même. C'est sans doute ça que Naël fuit le plus, sans compter les trop nombreux habitants des lieux. Il a toujours été, et le restera toujours, un grand solitaire. Vivre en communauté de la sorte est loin d'être aisé pour lui. Oh, il se cache derrière des blagues parfois sans queue ni tête, mais il n'est pas vraiment aussi bien qu'il le laisse paraître. Sa liberté lui manque. Pour sûr, on ne l'empêche pas de sortir, mais il arrive qu'on lui dise non, tu sortiras demain, et ça, ça ne lui plaît que moyennement. Ils ont peur de voir tout ce qu'ils ont bâti s'effondre et dans un sens ... C'est normal. Seulement, Naël ne veut pas avoir à subir tout ça. Il ne peut pas rester là plus de trois jours d'affilée, c'est un fait. Alors, pendant de longues minutes, ce matin, il a discuté avec un dirigeant de la zone. Fawkes il-ne-sait-plus-trop-quoi. Pour une fois, c'est un Naël sérieux et mature qui lui a fait face. Et à force de parlementage, il a accepté de le laisser sortir sans qu'il ait besoin de le supplier. Quasiment un miracle ! En dix minutes à peine, Naël était prêt à quitter les lieux. Evidemment ! Cela fait bien quatre jours qu'il attend ça, de pouvoir être libre de tout mouvement, et de toute parole. Il déteste se plier à des règles aussi intransigeantes que celles de la zone, et il sent qu'il finira par craquer, s'il doit rester plus longtemps enfermé ...

En plus de ça, les survivants sont de plus en plus nombreux. Ils affluent en masse, s'entassent dans les dortoirs de plus en plus remplis. Naël ne peut pas supporter ça. Il privilégie donc les coins reculés. Malheureusement, il est désormais impossible de trouver un endroit totalement vide : il y a toujours quelqu'un pour faire éclater les espoirs du brun. Il ne retrouvera donc autant de tranquillité qu'il le souhaiterait de si tôt ... Enfin bref, ce n'est pas le moment de se lamenter sur son sort. Naël a eu ce qu'il souhaitait : il est hors de la zone, à bord de sa fidèle voiture. Il file tout droit durant de nombreuses minutes, avant de se décider à se garer sur le bas côté, une fois arrivé devant une ferme qui pourrait - éventuellement -lui permettre de rentrer les mains vides. Il ne manquerait plus qu'ils le prennent pour un glandeur, uniquement à la recherche de sensations fortes - ce qui n'est pas totalement faux, m'enfin - ! Déterminé, il attrape une arme à feu qu'on lui a fort généreusement offert avant de le laisser partir, son nunchaku qu'il accroche à sa ceinture et un couteau. Juste au cas où. Naël se doute bien qu'il n'y aura pas de rôdeur là-dedans. Et peut-être même pas de vivres, en fait ... Mais il veut tenter sa chance. L'essentiel, c'est qu'il fasse passer un peu le temps. Hors de question de rentrer aussi vite dans la zone : ce serait du suicide psychique. Ouais, carrément.

(c) AMIANTE