two is better than one (gordon&nelly)

( two is better than one )

Tu as beau réfléchir, prendre le problème dans tous les sens, tu ne vois pas d’autres solutions. Tu vérifies encore et encore tes stocks dans l’espoir de trouver ce qu’il te manque, mais tu sais d’avance que ça ne sert à rien. Tu n’as plus le choix. Il faut que tu demandes de l’aide. Tu ne peux pas sortir d’Ellia, enfin, toi tu estimes que tu pourrais ; après tout tu as vécu de longs mois seule dehors. Mais personne ne te laissera sortir seule. On ne te fait pas encore assez confiance de toute manière, tu dois encore faire tes preuves et puis sans parler de ton air de poupée de porcelaine. Tu tournes en rond comme un lion dans sa cage. Tu réfléchis encore et encore, mais tu te fatigues pour rien. Tu as besoin d’aide. Tu dois sortir de ce village pour trouver tout ce dont tu as besoin. Tu vas être obligée de mettre ta fierté de côté et de prendre sur toi pour le bien de toute la communauté. Ce qui te dérange ce n’est pas de demander de l’aide, tu n’es pas fière à ce point-là ; non ce qui te dérange c’est la personne à qui tu dois demander de l’aide…

Gordon… Cet homme tu le fuis comme la peste, moins tu le vois, mieux tu te portes. Il est tout ce qui te repousse chez un homme ; il est bourru, il parle trop, il est trop sûr de lui. Tu sais qu’il est comme tous les hommes que tu as croisés depuis que tu es partie de chez toi, depuis que ton père est mort, que tu l’as tué… Lui aussi il doit penser que tout lui est dû, qu’il peut prendre tout ce qu’il désire. Malheureusement il est l’homme de la situation, lui l’explorateur attitré d’Ellia. Tu sais que si tu demandes à sortir c’est lui que Vance va te mettre dans les pattes. Tu n’as pas envie de te retrouver dehors seule avec lui. Tu ne lui fais pas confiance. Dans l’enceinte du village il ne fera rien, parce que vous êtes surveillés ; mais tu ne sais pas ce qu’il ferait une fois dehors, là où tout est permis. Mais encore une fois, tu sais que tu n’as pas le choix…

Après avoir rédigé la liste des plantes qu’il te manque, tu demandes à voir Vance. Il te reçoit volontiers et t’écoute attentivement. Comme tu t’y attendais le prénom de Gordon est prononcé. Tu te retiens pour ne pas grimacer, tu serres les dents. Tu le savais mais tu espérais quand même qu’il te propose d’y aller avec quelqu’un d’autre. Vous ne partirez que le lendemain, au petit matin. Tu en profites pour préparer tout ce dont tu as besoin : des vivres, ton couteau, une encyclopédie sur les plantes médicinales et un poignard. Tu te débrouilles assez bien à l’arc mais on ne t’en a pas encore confié. Tu patientes. Peut-être qu’après cette expédition tu auras gagné la confiance de Vance. Tes affaires sont prêtes, tu retournes à ta caravane même si tu sais que tu ne vas pas réussir à dormir, tu es trop anxieuse à l’idée de quitter Ellia en compagnie de Gordon.

Tu n’as presque pas fermé l’œil et pourtant il est l’heure de te lever. Le soleil s’élève à l’horizon, laissant une trainée orangée dans le ciel. Tu pourrais rester de longues minutes à regarder le soleil se lever mais tu as plus important à faire. Plus vite tu partiras, plus vite tu rentreras. Tu espères que tout se passe vite et bien. L’air frais du matin te fait frissonner, tu refermes ta veste et serres la bandoulière de ta sacoche. Quand tu arrives près de la grande porte, tu vois une silhouette. Tu le reconnais. Il est grand, il est costaud, il n’y a pas de doute. Tu ne comptes pas être aimable, tu ne comptes pas user d’aucune forme de politesse que ce soit. Tu arrives à sa hauteur, il te domine de toute sa carrure mais tu gardes la tête haute, l’air sûr de toi, bien que tu ne le sois pas du tout. « C’est bon, allons-y. » Tu n’attends pas de réponse de sa part, tu t’avances vers la porte et tu attends que les gardiens vous ouvrent. Un nœud s’est formé dans ton ventre, tu resserres la bandoulière de ton sac encore plus fort. Tu aimerais être sûre que tout se passera bien mais tu as un mauvais pressentiment.

( Pando )

40 ans (01/01/79).

Nelly & Gordon

Two is better than one.

Vance est passé te voir dans l'après-midi, la veille, pour te donner une mission. Ce qui t'a tout de suite assez excité, compte tenu du fait que t'as tendance à vite t'ennuyer. Tu tournes en rond quand tu dois rester plus de quelques jours au sein de Ellia, sans en sortir. Ce qui arrive déjà trop souvent à ton goût. Au lieu de t'y sentir en parfaite sécurité, t'as plutôt souvent l'impression d'y être enfermé. T'es pourtant pas mécontent de tout ce qui a été mis en place pour que vous puissiez tous vous y sentir bien. C'est le cas, ça fonctionne même sur toi. A tel point, que tu retrouves un peu de ta bonne humeur d'antan. T'es plus détendu qu'à ton arrivée ici, c'est certain. Tu n'as pas encore une confiance aveugle en tout le monde au sein du village, mais tu ne les regardes plus tous de travers non plus. Tu prends même la peine de dire bonjour, quand t'es justement dans tes "bons jours". Ce qui n'était pas du tout gagné au départ. Même s'il y a encore certaines personnes qui te font tiquer. C'est un peu l'hôpital qui se fout de la charité, mais t'aimes pas ceux qui semblent tout le temps être sur le qui vive. Juste parce que tu te demandes si ce ne sont pas, justement, eux qui sont en train de monter un sale truc.

Une certaine blondinette entre dans cette case. Mais pour le coup, son apparence fragile te coupe tes réflexes de méfiance. C'est plus fort que toi, tu doutes de sa capacité à provoquer un vrai "coup d'état". Tu l'imagines davantage dans le lot des suiveurs, qu'autre chose. Elle a plus l'air d'une pauvre petite chose qui en a vu et vécut des vertes et des pas mûres, que d'autre chose. Du coup, tu ne te méfies pas trop d'elle. Pas à grande échelle du moins. T'es pas sûr qu'il ne lui prenne pas un jour l'envie de t'égorger par surprise. Juste parce qu'elle n'aime pas ta gueule. Et tu penses vraiment qu'une histoire de ce genre pourrait arriver, vu les regards qu'elle te lance du peu que vous vous croisez. Ce n'est pas vraiment de la haine que tu penses lire dans ses yeux clairs. Plutôt une très très grosse dose de méfiance. Ce qui n'est pas chouette non plus, faut bien l'admettre. Mais tu penses pouvoir faire avec, bien sûr. T'as pas besoin qu'elle te valide. Tu cherches pas particulièrement à la connaître non plus. Mais quand Vance est venu te demander de sortir pour veiller sur l'herboriste du village, t'as vite compris de qui il s'agissait. Et t'as trouvé ça plutôt amusant.

Amusement de courte durée. Vu la façon qu'elle a de te regarder quand elle arrive à son tour devant les grandes portes, tu comprends que vous n'allez pas du tout rire durant les prochaines heures. Qu'à cela ne tienne, tu l'accueilles d'entrée de jeu avec un sourire ironique sur les lèvres. Bonjour à toi aussi. C'est une belle journée pour sortir prendre l'air. Moi aussi je me fais une joie à cette idée ! Qu'il balance sur le ton le plus ironique qui soit. Ce dont elle se fout pas mal, certainement. Elle prend de grands airs la blonde, pour lui signifier ce qu'elle pense de lui. Ou ne pense pas du coup. Ca va être une chouette journée. Qu'il soupire plus bas. Maintenant plus pour lui même que pour elle. Il replace la bandoulière de son fusil sur son épaule et glisse une main dans sa poche pour en sortir une sucette. Juste parce qu'il commence sérieusement à manquer de clopes et qu'il préfère les garder pour "de grandes occasions". Il compense avec diverses sucreries. Ce coup ci, une sucette rouge. Parce que rôder autour de l'enceinte du village, c'est une simple balade de routine pour lui. On leur ouvre d'ailleurs assez vite les portes pour qu'ils en sortent. Il passe le premier sans se faire prier, vérifie d'un rapide coup d'oeil qu'il n'y a rien dans les parages et s'éloigne. Dans l'attente que la nénette lui indique où elle souhaite aller exactement. Et ce qu'elle cherche, au passage.

( two is better than one )

Tu appréhendes le moment où il va t’adresser la parole parce que tu sais qu’il a va user de son petit air moqueur qui t’agace tant. Tu ne l’as pas croisé souvent depuis ton arrivée à Ellia mais il a déjà réussi à t’énerver plus d’une fois. Il se moque de toi parce qu’il a compris que tu te méfiais de lui. Il sait que tu n’as pas envie de faire cette expédition avec lui mais que tu n’as pas d’autres choix. A peine a-t-il ouvert la bouche que tu as envie de tourner les talons pour retourner dans ta caravane. Mais tu as une mission et tu ne comptes pas la faire capoter à cause d’un sale type qui se croit plus malin que tout le monde. Tu l’as jugé très vite Gordon. Tu n’as pas essayé d’apprendre à le connaître, tu penses connaître ce genre d’homme. Peut-être que tu te trompes, mais peut-être que tu as raison. Dans le doute, mieux vaut garder tes distances. Tu n’as pas envie de faire du copinage avec lui. Vous allez collaborer pour la journée en espérant que cela ne s’éternise pas trop. Il te provoque d’entrée et tu parviens à garder ton calme. Tu as toujours été très calme, avant l’épidémie du moins, aujourd’hui c’est un peu plus difficile pour toi. Mais tu n’as pas envie de lui donner la satisfaction de t’énerver. Tu ne lui souris pas, tu n’as pas envie de faire semblant. « Te fatigue pas, si j’avais pu j’aurais demandé à quelqu’un d’autre de m’accompagner. »

Il passe devant toi et tu le suis, tu préfères qu’il soit devant, ainsi tu peux garder un œil sur lui. Tu sais que cette journée risque d’être très longue parce qu’il va te prendre la tête. Il ne va pas pouvoir s’empêcher de te provoquer et de taquiner. Rien que cette idée te met les nerfs à vif. Tu gardes en tête la raison de cette excursion, tu as fait une liste de ce qu’il te faut. Tu ne sais pas si vous allez pouvoir tout trouver en une journée, mais plus vous en ramènerez mieux ce sera. Tu sors ta liste, tu en prends connaissance et tu la replis avant de la glisser dans la poche de ton jean. Tu veux lui parler le moins possible mais tu vas bien être obligée de lui dire ce que tu recherches, il va pouvoir t’aider. Il connaît les environs mieux que toi, autant que tu profites de sa présence et qu’il te soit utile.

Tu accélères un peu le pas pour le rattraper mais tu restes légèrement derrière lui. Tu ne sais pas s’il fait exprès de marcher aussi vite pour te provoquer et t’essayes de ne pas te poser trop de questions. « Il me faut des orties, ça, ça ne devrait pas être trop difficile à trouver. J’ai aussi besoin de pavot, on en trouve en général près des forêts de séquoia. Du plantain, on en trouve dans les prairies et des cranberries qu’on trouve sur des terrains humides. » Tu sais que ça fait beaucoup et que si vous ne trouvez pas tout aujourd’hui ce ne sera pas bien grave. Mais tu sais aussi que si tu ne trouves pas tout ce que tu as noté sur cette liste, tu seras bien obligée de repartir un jour en exploration avec Gordon. Tu gardes d’ailleurs une certaine distance avec lui. Même si vous marchez à la même hauteur à présent, tu restes assez éloignée, tu ne veux pas qu’il te frôle, tu ne veux pas qu’il puisse le faire. Alors tu restes loin. Tu regardes devant toi même si tu gardes toujours un œil sur lui. Tu essayes d’être discrète tu ne voudrais pas qu’il croie que tu t’intéresses à lui. Il en serait bien capable. « Alors par quoi on commence ? »

( Pando )

40 ans (01/01/79).

Nelly & Gordon

Two is better than one.

Tu ne peux pas t'empêcher de ricaner quand elle affirme qu'elle aurait fait appel à quelqu'un d'autre, si elle avait pu. Tu t'en doutes ouais. Même si tu ne piges toujours pas la raison pour laquelle elle te déteste à ce point. T'as pas l'impression d'avoir fait quoi que ce soit pour la pousser à une telle haine. T'as même pas eus le temps d'ouvrir la bouche en sa compagnie, qu'elle était déjà décidée à te détester. Mais tant pis. T'as pas envie de trop te prendre la tête à te poser ce genre de question. Elle ne peut pas te supporter, c'est comme ça. Y'a mille autres trucs bien plus importants et graves desquels tu dois te soucier. A commencer par la survie de ta fille. Et ensuite ta propre survie. C'est pas une petite blonde au sale caractère qui va t'embrouiller et te faire tourner en bourrique. D'ailleurs, t'as assez de ta fille pour ça. Pourquoi ? Parce que t'aimes pas dire bonjour ? Que t'ironise encore. Bien que le ton un peu plus grinçant désormais. Non, vraiment, tu ne vois pas ce que t'as bien pu faire de mal pour ne pas même mériter un simple "bonjour". Comme si des mots pouvaient lui écorcher la gorge tiens !

Vous n'échangez finalement pas davantage maintenant que vous quittez Ellia et que vous vous dirigez vers l'inconnu. T'as pas plus envie qu'elle de discuter. T'as certainement pas envie d'user tes forces à faire la conversation à une nana aussi imbuvable qu'elle. Parce qu'elle l'est sacrément. Tu sais pas si elle est ainsi avec tout le monde, mais avec toi c'est trop peu supportable pour que tu aies envie de faire le moindre effort. Tu décides donc d'arrêter là. Et tu te concentres sur ce que vous avez à faire. Tu hoches simplement et vaguement la tête quand elle lance la liste des choses dont elle a besoin. Tu t’intéresses pas à ce qu'elle souhaite faire avec tout ça. Parce que tu t'en tapes pas mal. Mais surtout, parce que c'est pas avec elle que t'as envie d'avoir une discussion aussi simple que celle ci. Distraitement, tu fais parfois tourner la sucette dans ta bouche, dont tu tiens le fin bâtonnet entre ton index et ton majeur. T'as retenu les info des endroits dont elle a besoin. Les détails tu t'en fout un peu. De savoir le truc précis qu'elle veut lié à l'endroit où elle sait le trouver. Tu n'as pas besoin de tant d'informations dans le fond. Tu l'emmènes là où elle a besoin d'aller, point barre.

C'est comme ça que tu files en direction de la forêt. T'es toujours soit devant elle, soit à la même hauteur. En tout cas, vous avancez assez au même rythme. Pourtant, tu vas assez vite. Parce que tu maîtrises les lieux, que la nature ne te fais pas peur du tout et parce que tu sais que vous avez de la route à faire. Pas de temps à perdre du coup. Vous ne pouvez pas vous permettre de passer la nuit dehors. Ne serait-ce que parce que toi t'as rien prévu pour le cas où ça devait arriver. Même si ce n'est jamais réellement le genre de truc qui se prévoit. Tu ne prends même pas la peine de répondre à sa question. Elle verra bien. D'autant plus que la forêt n'est pas très loin pour le coup. En moins de quinze minutes, vous arrivez aux pieds des premières rangées d'arbres. T'avances maintenant plus prudemment. Un zombie pourrait sortir de n'importe où. Pire, un vivant mal intentionné. T'as déjà eus à faire à des survivants -et parfois des groupes entiers de survivants- prêts à tout pour gratter quelques jours de vie en plus. En s'en prenant évidemment à d'autres vivants. C'est parfois plus simple de voler le type que l'on croise dans une forêt, que de se déplacer jusque dans les grandes villes plein de hordes pour vider ce qui reste des magasins. Bref, maintenant que vous rejoignez la végétation, tu comptes un peu sur elle pour chercher ce dont elle a besoin et t'indiquer si jamais elle doit s'éloigner.

( two is better than one )

Tu ne sais pas sur quel pied danser. Tu ne sais pas si tu dois l’envoyer chier ou si tu dois mettre de l’eau dans ton vin. Après tout ta sécurité est entre ses mains. Ça froisse ton ego d’admettre que tu pourrais avoir besoin de lui, qu’il a une force que tu n’as pas. Tes yeux lui envoient des éclairs, tu détestes son petit air moqueur. Même si à présent il semble agacé tout autant que toi. Il n’a plus l’air d’avoir envie de plaisanter et tu ressens alors un immense soulagement. Tu ne vois pas passer ta journée à supporter ses taquineries. Il ne peut pas comprendre pourquoi tu agis ainsi, il n’a pas vécu ce que tu as vécu. Bien sûr tu te dis qu’il a dû vivre de dures épreuves comme tout le monde. Mais il ne sait pas ce que c’est d’être une femme seule dans un monde aussi pourri. Tu ne vas pas te fatiguer à lui expliquer que c’est lui qui te pose problème, parce que c’est un homme et qu’il ressemble beaucoup trop à ces gros pervers qui ont essayé d’abuser de ta faiblesse. Tu préfères grogner en regardant droit devant toi. « Exactement. » Tu préfères qu’il pense que tu es comme ça avec tout le monde même s’il finira par comprendre que ce n’est pas le cas. Avec les femmes, avec les enfants, tu es la même qu’avant, la douce Nelly, toujours prête à rendre service.

Vous marchez en silence. Ça te fait du bien. Le silence est d’or surtout dans un monde comme celui dans lequel vous vivez. Le moindre bruit peut causer votre perte. Mais ce silence il devient vite pesant, enfin, c’est plutôt le bruit que fait cette sucette qui cogne contre ses dents quand il la tourne dans sa bouche. Tu prends sur toi. T’as pourtant envie de la lui arracher et de la balancer par terre. Mais tu n’en fais rien. Tu gardes ton calme, tu soupires. Tu ne veux pas qu’il voie que ça t’agace parce que ça le pousserait à continuer. Mais pourtant ça se voit à ta mâchoire qui se serre, à cette lèvre que tu malmènes avec tes dents pour t’empêcher de lui hurler dessus. Tu ne t’es jamais comportée comme ça avec qui que ce soit. Même avec les personnes qui étaient mauvaises avec toi, avant. Tu dis bien avant, parce que tout a changé. Tu n’es plus là même. Et parfois, souvent même, la Nelly d’autrefois te manque.

Il ne te répond pas, tu ne cherches pas à lui parler non plus. Vous vous murez dans un silence lourd mais qui te fait du bien. Tu es attentive aux bruits, aux mouvements qui pourraient présager la présence d’un rôdeur, mort ou vivant. Vous vous avancez vers une forêt, tu sais que tu vas y trouver au moins des orties. Avant, tu aurais pris le temps d’expliquer à Gordon pourquoi tu recherches cette plante, tu lui aurais expliqué plein de choses intéressantes sur le pouvoir des plantes. Tu aurais fait la conversation avec lui, tu aurais été aimable, souriante. Mais ça c’était avant. Maintenant tu te contentes de t’enfoncer dans la forêt sans même vérifier que Gordon te suit. Tu repères au loin des orties, tu accélères le pas, tu es imprudente. A croire que tu n’as pas vécu seule dans ce monde pendant des mois. Tu t’avances vers ce tapis d’orties et tu remarques pas le corps étendu près de l’arbre. Tu ne remarques pas la main qui s’approche de ta cheville. Quand tu la sens il est déjà trop tard, tu tombes, tu te retrouves les fesses par terre, la main de ce monstre accrochée à ton jean. Tu agites ta jambe, tu cherches à lui asséner un coup de pied en pleine tête. Toujours viser la tête. Tu paniques, tu ne sais pas où est Gordon, peut-être va-t-il te laisser là pour te faire payer ton manque d’amabilité. Tu parviens à donner un coup de pied dans le visage de cette chose, du moins ce qu’il en reste. Tu entends un craquement qui te soulève le cœur mais la main reste agrippée à ton jean.

( Pando )

40 ans (01/01/79).

Nelly & Gordon

Two is better than one.

Tu ne la comprendras certainement jamais cette gonzesse. Et dans le fond, c'est pas si important que ça. Vous n'avez rien à voir l'un avec l'autre, c'est un fait. Elle n'a pas l'air fan des gens. Et toi, t'aimes pas des masses non plus. C'est votre seul point commun. Mais c'est justement celui qui fera que vous n'allez jamais faire d'effort. Elle a besoin de quelqu'un pour sortir de l'enceinte du village alors tu t'y colles. Et toi, ça t'arrange bien d'avoir une excuse pour en sortir. T'as besoin de ces temps d'expédition. Justement en grande partie pour le plaisir que tu ressens à renouer avec un semblant de solitude. Voilà qui est beaucoup plus toi. Et du coup, tu ne l'admettras pas à voix haute, mais ça t'arrange un peu que vous ne communiquiez pas plus que ça tous les deux. Le silence c'est bien aussi. A peine esquinté par le bruit de vos pas, quand vous posez les pieds sur des brindilles qui craquent. Mais surtout foutu à mal par le bâtonnet qui frotte contre tes dents quand tu le fais tourner. Tu ne te demandes pas si ça lui pose souci. Pour la simple et bonne raison que tu t'en cognes royalement ! Et si ça lui pose problème ... Eh ben c'est son problème.

La blonde est sensiblement en train d'accélérer le pas. Ce qui t'oblige, tout naturellement, à en faire de même. Et à te concentrer un peu plus alors qu'elle te donne l'impression d'être de moins en moins prudente. Elle est surtout occupée à chercher ce pourquoi elle est venue en pleine forêt avec toi. Tu décides de mettre ta sucette de côté. Tu la remballes dans son petit papier que tu prends grand soin de bien refermer, pour la ranger dans l'une de tes nombreuses poches. Hors de question que tu la balances. C'est devenu trop précieux toutes ces conneries là. Même si, ouais tu l'admets, t'as gardé un tout petit stock que t'as trouvé au cours d'une expé' y'a pas si longtemps que ça. Planquée sous ton lit avec quelques autres trucs que tu gardes égoïstement. Tu passes ton temps à risquer ta vie pour tout le monde. T'estimes donc avoir le droit de te faire quelques petits plaisirs de ce genre ! Il te faut cinq bonnes secondes avant de réaliser que la blonde est presque hors de ton champ de vision. T'accélères sensiblement le pas. Au point de pouvoir être à quelques mètres d'elle à peine, quand elle tombe.

Tu prends pas franchement le temps de réfléchir quand t'es à sa hauteur. Tu glisses tes avant bras sous ses aisselles pour la soulever brutalement de terre. Comme si elle ne pesait rien du tout, tu la remets bien vite sur pieds et la libère aussitôt. T'as pas l'intention de prolonger. Tu la trouves bien trop antipathique pour avoir envie de, ne serait-ce que la frôler plus de quelques secondes. De toute façon, t'es déjà occupé à écraser le crâne du cadavre ambulant, du talon de ta godasse. T'as même pas un frisson quand la cervelle explose. Sans doute parce que t'es habitué. Et parce que t'enchaînes assez vite en scrutant les alentours avec beaucoup d'insistance. Tu veux être sûr que le bruit n'a pas attiré d'autres rôdeurs. Et tu sais aussi très bien qu'ils se déplacent de plus en plus en groupes ces machins là. Magne-toi, faut qu'on bouge de là. Que tu marmonnes à l'adresse de la blonde. Maintenant qu'il te semble entendre quelques râles entre les arbres. La végétation est clairement en train de reprendre ses droits. La forêt est certainement deux fois plus dense qu'au début de l'invasion. Ce n'est pas désagréable que la nature reprenne ses droits. Mais c'est moins pratique également.

( two is better than one )

Toi qui es si prudente habituellement, tu n’as pas su flairer le danger. Tu as foncé tête baissée, tu n’as pas réfléchi. Ce n’est tellement pas toi ça. Tu sais pourtant que tu n’as pas le droit à l’erreur. Tu sais qu’une seconde d’inattention suffit pour te faire tuer. Et là tu te retrouves le cul par terre, à essayer d’agiter ton pied du mieux que tu le peux. Tu ne peux pas plier la jambe et asséner un bon coup de pied qui défoncerait le crâne de cette chose. Tu ne vois même pas Gordon qui s’approche de toi. Tu sens juste une force te soulever du sol. La main du zombie finit par te lâcher, tu ne penses pas avoir été mordue, tu l’aurais senti sinon. Il a posé ses mains sur toi, mais c’était ça ou tu te faisais bouffer la jambe. Tu es quand même bien contente quand il te lâche et qu’il s’écarte de toi. Tu gardes les yeux fixés sur le zombie alors que Gordon écrase son crâne avec son talon. Le bruit est dégueulasse. Tu en as vu des zombies, tu en as même tués pas mal et pourtant ça te dégoûte un peu de voir cette boite crânienne se briser et s’écraser.

Tu sors de ta torpeur quand tu entends Gordon. Il a raison, vous ne pouvez pas rester là. S’il y a un zombie, il doit y en avoir plusieurs pas loin. Néanmoins, tu enfiles ton gant et tu te hâtes d’arracher une grosse poignée d’orties. Au moins vous ne serez pas venus là pour rien. Tu enfouis les herbes dans ta sacoche et tu retires ton gant tout en te précipitant dans la direction de Gordon. Tu as un goût sacrément amer dans la bouche. Celui de la honte et de la colère. Tu es en colère après toi-même parce que tu n’as pas été assez prudente. Parce que tu viens de lui donner la preuve que tu es faible, que tu es juste une femme faible qui a besoin de l’aide d’un homme pour s’en sortir. Parce que s’il n’avait pas été là, t’en serais-tu sortie ? Tu espères que oui. Toi tu sais que t’en es capable. Tu as survécu seule pendant si longtemps. Et il t’a suffi de quelques semaines à Ellia pour perdre tes réflexes.

Des bruissements s’élèvent des buissons. La forêt ne t’a jamais semblé aussi immense et menaçante. Vous n’avez rien pour vous mettre à l’abri ici. Tu suis Gordon, tu n’as aucune idée d’où il se rend mais tu le suis. Tu as sorti ton couteau, tu le serres fort dans ta main. Tu es prête à te battre, tu es prête à lui prouver que tu n’es pas faible, que tu as fait une erreur et que ça ne se reproduira pas. Et pourtant des erreurs tu en as commises déjà plein. Notamment celle qui a coûté la vie de ton père. Ton visage se déforme par la tristesse. Tu prends quelques secondes alors que tu continues de courir pour demander intérieurement pardon à ton père. Tu ne sais pas pendant combien de temps vous courrez mais tu sais que tu entends des râles et des grognements derrière toi. Il n’est pas question de s’arrêter, si vous vous arrêtez de courir vous allez être encerclés et à deux avec si peu d’armes vous n’avez aucune chance. Alors que tu cours tu pestes intérieurement contre toi. Tu t’en veux de vous avoir mis en danger. Alors que vous continuez de courir tu remarques que la forêt devient de moins en moins sauvage, les arbres sont de plus en plus espacés et tu finis même par apercevoir une sorte de pré. Au loin tu remarques une bicoque. Une petite baraque qui pourrait vous permettre de vous mettre à l’abri le temps de vous reposer un peu. Tu es essoufflée d’avoir couru aussi vite mais tu pourrais courir encore longtemps s’il le fallait.

Tu te diriges vers la baraque, mais tu sais qu’il ne faut pas que tu te lances les yeux fermés. Elle peut être infestée de zombies. Tu vois que les fenêtres sont barricadées c’est plutôt une bonne chose. Quand tu arrives devant la porte, tu attrapes le bras de Gordon. Tu ne vas pas t’éterniser mais tu te dois de le remercier de t’avoir sauvée. Il aurait pu te laisser dans la merde s’il l’avait voulu. « Merci. ». Ça ne t’enchante pas et ça se voit. Tu t’empresses de relâcher son bras et préfères attendre ses directives. Il est plus calé que toi question survie. Les expéditions ça le connaît. Peut-être que tu devrais lui faire confiance. Peut-être pas...

( Pando )

40 ans (01/01/79).

Nelly & Gordon

Two is better than one.

Tu préfères te dire que c'est parce qu'elle est énervée contre toi, qu'elle a été si peu concentrée au point de se faire avoir par un zombie. Plutôt que de penser qu'elle est juste toujours ainsi. Tu te dis que tous les survivants sont forcément de bons survivants en milieu hostile. Sinon, ils ne seraient pas encore en vie après tout ce temps. Tu décides donc te dire qu'elle a commis une imprudence simplement à cause de ta présence. Et si c'est vraiment ça, il faudra réellement trouver quelqu'un d'autre pour l'accompagner la prochaine fois. Tu sais que tu ne t'attires pas toujours la sympathie de ceux qui ne te connaissent pas. Mais quand même. Au point qu'ils se mettent aussi stupidement en danger ? C'est nouveau. Ou alors tu n'avais jamais fait attention à ce genre de "détail" jusqu'à présent. Quoi qu'il en soit, tu vas devoir être deux fois plus prudent pour t'assurer qu'il ne lui arrivera rien de trop sérieux au cours de la journée. Si tu peux lui éviter une morsure, t'estimeras avoir gagné ton propre paris. En tout cas cette fois c'est officiel, t'as plus la moindre envie de rire. Cette expédition est soudainement devenue bien sérieuse. Tu continues donc de vérifier les alentours en silence, le temps qu'elle récupère une bonne poignée d'orties. Après quoi vous partez pour une nouvelle destination.

Mais vous le faites en courant cette fois. Pas de temps à perdre. Trop de risques dans cette forêt. Vous le savez tous les deux. Vous filez donc à toute allure. T'entends ses bruits de pas dans ton dos. De quoi te rassurer quant au fait qu'elle te suit toujours. Tu ne sais pas si elle galère. Mais tout ce qui t'importes pour l'instant, c'est qu'elle soit au même rythme que toi. T'es d'ailleurs conscient que malgré la différence de carrure, elle fait un peu plus de bruits que toi. Sans doute parce que t'es habitué. Parce que t'as appris à avoir le pas léger. Pouvoir surprendre l'ennemi sans te faire entendre au préalable. Tu continues donc de filer assez vite mais pas trop non plus. Ce qu'il faut pour qu'elle parvienne encore à te suivre. Vous continuez assez longtemps pour quitter les arbres au profit d'une grande étendue verte. Dans un coin, une petite baraque qui ne paie pas de mine et que t'as jamais vu. Faut dire que cette forêt regorge de petits coins de ce genre, perdus entre les arbres. Et que les années passant, la végétation ne fait que croître toujours plus, semblant changer un peu tous les jours le paysage alentours.

Vous pouvez cesser de courir maintenant. Mais tu files quand même à pas rapides dans la direction de la petite maison de bois. Tu tressailles quand elle pose sa main sur ton avant bras. T'as jamais été super fan des contacts physiques non prémédités. Surtout de la part de parfaits inconnus. Ca te crispes et t'as parfois eus de mauvais réflexes à cause de ça. Heureusement pour elle, t'as aussi appris à canaliser ça. Tu te contentes de crisper les mâchoires, le regard posé sur sa main. On n'est pas encore tirés d'affaire. Que tu te contentes de lui faire remarquer. Avant de t'éloigner pour t'approcher plus encore de la porte. Reste là et continue de t'assurer que rien n'approche. Ce qui implique qu'elle te tourne le dos. Mais tu ne penses pas que ce soit un problème. T'es pas conscient de son niveau de méfiance à ton encontre et clairement, tu t'en tapes pas mal. Finalement, tu ne tardes pas trop à ouvrir la porte. Tu le fais même vivement et fais un pas en arrière pour être certain que rien n'ais le temps de t'attraper. Mais rien. Alors tu fais un peu de bruit en cognant le sol de ton talon. Histoire de faire sortir tout éventuel rôdeur qui serait planqué là dedans. Toujours rien. Alors t'entres et fais une vérification visuel. C'est seulement après que t'interpelles la nénette à voix basse. Que t'appelles d'ailleurs "la blondinette" parce que t'as certainement pas pris la peine de retenir son prénom ! T'attends qu'elle soit à l'intérieur avant de refermer la porte et de la bloquer avec une chaise qui a l'air en aussi mauvais état que tout le reste de la maison. Fais attention à où tu mets les pieds. J'garantis pas la solidité du bois. Et que ce serait dommage qu'elle passe au travers, non ?

( two is better than one )

Tu remarques qu’il se crispe quand tu le touches. Ça te surprend qu’à moitié parce que tu l’imaginais du genre tactile lourdingue ; mais tout le monde est méfiant aujourd’hui, un simple geste peut vite se transformer en coup. Sans oublier que vous venez de faire une sacrée course pour échapper à une horde de zombies. Zombies que tu ne vois pas pour le moment, l’avantage c’est que vous êtes bien plus rapides qu’eux. L’inconvénient c’est que ce n’est qu’une question de temps avant qu’ils ne vous retrouvent. Vous avez été bruyants, toi plus que lui, tu en as conscience. Tu sais te montrer discrète mais quand il s’agit de prendre tes jambes à ton cou c’est plus difficile. Tu remarques le regard qu’il pose sur ta main, tu t’empresses de la retirer. D’une parce que ça ne t’enchante pas de le toucher, mais c’était un moyen pour attirer son attention sans faire trop de bruit. Et de deux parce que son regard n’a rien de sympathique. Ce n’est pas le moment de vous écharper. Vous devez vous entraidez.

Car il a raison, vous n’êtes pas encore tirés d’affaire. Mais il t’a sauvée, une fois, et tu espères bien que ce sera la dernière. Tu n’as rien à lui prouver à lui, mais à toi si. Tu es une survivante tout comme lui. Moins entraînée certes, mais une survivante quand même. L’idée de lui tourner le dos afin de surveiller vos arrières ne t’enchante guère. Tu ne lui fais pas confiance. Et tu as appris qu’il ne faut jamais tourner le dos à personne. Les lâches c’est par derrière qu’ils attaquent. Mais tu sais que tu n’as pas le choix. Tu hésites un peu, mais très rapidement tu obtempères. Si un rôdeur parvient à se frayer un chemin jusqu’à vous il faut que tu sois sur le coup. Tu ne dis rien et tu te retournes. Encore une fois tu te dis qu’une arme à longue portée serait un plus. Tu sais manier les arcs, t’en as utilisé un pendant des mois. Mais à ton arrivée à Ellia on te l’a retiré. C’était trop dangereux de laisser une telle arme entre les mains d’une nouvelle venue. Tu espères qu’après cette excursion -si elle est réussie- Vance t’autorise à la récupérer.

Tu es attentive. Tu plisses légèrement les yeux pour essayer de voir le moindre mouvement, le plus loin possible. Tu peux voir les branches des arbres s’agiter avec le vent. Tu crois apercevoir un léger mouvements dans des buissons. Tu restes concentrée. Tu sens que ça bouge un peu, ils arrivent. Au même moment tu entends la voix de Gordon s’élever derrière toi. Tu te crispes quand tu entends les mots qu’il utilise pour t’appeler. Tu le rejoins à l’intérieur. Tu le laisses bloquer la porte avec une chaise et tu te tournes vers lui, l’air mal aimable. « Nelly. C’est mon prénom. Et pas blondinette. » Tu trouves ça tellement macho et tellement réducteur. Tu as bien fait un effort toi, tu le connais son nom. Ça va pas le tuer de retenir le tien. Tu t’avances dans la petite baraque. Le bois est pourri en effet. Les lames du plancher grincent à chacun de tes pas. Tu n’oses pas beaucoup bouger de peur de faire trop de bruit ou de te faire dévorer par le plancher. Tu jettes un coup d’œil dehors entre les planches de bois qui protègent les fenêtres, tu aperçois quelques zombies qui sortent de la forêt. Tu espères que cette baraque délabrée tienne le coup. Tu préfères t’éloigner des fenêtres au cas où. « On devrait en profiter pour fouiller. On pourrait trouver des choses intéressantes. » Mais la question que tu te poses c’est combien de temps vous allez devoir rester là ? Les zombies risquent de se rassembler autour de la baraque. Tu n’as pas envie de rester coincée ici avec lui pendant des heures et des heures.

( Pando )

40 ans (01/01/79).

Nelly & Gordon

Two is better than one.

T'es conscient que, tout comme toi, elle n'est pas franchement à la recherche du moindre contact physique. C'est même ce qui t'étonnes tant dans son geste. T'as jamais trop pigé ce besoin qu'ont certaines personnes de poser leurs mains sur les autres pour attirer davantage leur attention. Et c'est bien pire encore maintenant que tout le monde est tout le temps sur qui-vive. Que tout le monde se méfie de tout le monde. Heureusement, elle retire sa main assez rapidement, pour que tu puisses plus ou moins te détendre de nouveau. Et surtout, tu peux te concentrer sur ce que t'as à faire. Parce que pour le coup, c'est important. T'es bien vite éloigné d'elle. Pour aussi peu de temps que possible. Tu ne peux pas te permettre de la laisser poireauter toute seule dehors. T'as donc vite fait le tour du rez de chaussée et le bruit que t'as fait n'a fait sortir aucun rôdeur. Tu t'imagines donc que les gens qui se sont planqués ici, se sont tirés depuis longtemps. Peut-être en manque de vivres. Ou parce qu'ils se sont fait dévorer au cours d'une excursion. Tout est possible. Et dans le fond, tu t'en tapes. Ce qui importe, c'est que vous puissiez vous planquer ici un petit moment.

T'interpelles la nénette pour qu'elle rentre à son tour et tu bloques la porte. Quand tu te redresses, t'as droit à un sale regard de sa part. Et tu ne comprends pourquoi que lorsqu'elle pense important de remettre certaines choses dans l'ordre. Son prénom. Tu ne fais même plus attention à ta façon d'appeler les gens. Et tu te fous pas mal d'être sympa ou non avec ces fameuses personnes. C'est plus simple à retenir. Que tu rétorques en levant les yeux au ciel. Remarque, c'est pas sans rappeler la peste de la petite maison dans la prairie. Tu le portes bien. Que tu surenchéris froidement. Non, tu ne regardais pas particulièrement ce show. Mais comme tout le monde sans doute, il t'es arrivé quelques fois de tomber dessus et de laisser en fond sonore. Ce machin là tournait en boucle sur les chaînes ! Putain, ce que tu donnerais pas pour revoir ne serait-ce qu'un film. Même un vieux machin en noir et blanc. Tu soupires et t'éloignes d'elle bien volontiers. Même si tu ne peux pas aller bien loin non plus. Le simple fait de ne pas l'avoir totalement collée à tes basques, ça te suffit. Et finalement, ne pas parler avec elle c'est bien aussi. Raison pour laquelle tu ne relèves pas ses mots.

Avec une certaine lenteur pour vérifier l'état de chaque marche et éviter de passer au travers, tu montes lentement les escaliers de bois qui mènent à ce qui tiens davantage d'une mezzanine, que d'un second étage. T'y trouves sans surprise une petite chambre aussi recouverte de poussière que tout le reste de la maison. Quelques couvertures et quelques fringues en piteux états. Pas vraiment le genre de truc dont vous avez besoin à Ellia. Pas dans cet état là en tout cas. Vous n'êtes plus désespérés à ce point. Une pensée un peu plus positive ! C'est à ton tour de vérifier les alentours par les petites interstices entre les planches de bois qui recouvrent les fenêtres. Tu ne vois pas grand chose d'autre qu'une petite horde de rôdeurs qui se déplace et qui vient tout juste de quitter la forêt. Rien de trop dingue en soit. Tu pourrais sans mal t'en occuper tout seul. Le souci principal, c'est qu'avec la forêt tout autour, t'as aucune idée du nombre de rôdeurs qui peuvent se planquer entre les arbres. Et qui pourraient en profiter pour sortir à leur tour du coup. Alors t'abandonnes assez vite cette idée et tu redescends. Si t'étais tout seul ou avec ton groupe habituel pour les expé', tu ne serais pas rentré te planquer comme ça. Mais tu te gardes bien de le faire remarquer à la blondinette. Faudrait quand même pas froisser son égo ...

( two is better than one )

A présent a l’abri, du moins pour l’instant, votre joute verbale peut reprendre. C’est lui qui te cherche en t’appelant la blondinette comme si tu n’étais rien de plus qu’une petite blonde ; vu le genre d’homme qu’il est, il doit probablement penser que tu n’as pas grand chose dans la tête. C’est bien connu les blondes sont des écervelées. Alors tu ne te gênes pas de lui dire le fond de ta pensée. Moins tu lui parles, mieux tu te portes, mais tu ne peux quand même pas le laisser te traiter comme ça. Tu mérites un minimum de respect. Cette expédition ne va pas vous rapprocher, au contraire. Tu te rends compte que tu ne t’étais probablement pas trompée sur son compte. C’est une brute, un homme des cavernes qui ne réfléchit pas ou très peu. Tu lui lances à nouveau ce regard glacial alors qu’il se moque une fois de plus de toi. Tu sais qu’il vaudrait mieux que tu ne répondes pas, tu ne dois pas te rabaisser à son niveau. Et tu ne dois encore moins pas lui montrer que ça te touche. Mais dans ce monde, tu veux trouver ta place. Et pour qu’on te fasse confiance et qu’on te voie comme quelqu’un d’utile et non comme un boulet, tu dois te faire respecter. « Oui excuse-moi pour ta petite cervelle, ça ne doit pas être évident de mémoriser plus d’une dizaine de mots. » Tu as fait mieux comme réplique cinglante. Mais il te pousse à bout.

Tu ne préfères pas en dire davantage. Tu proposes juste que vous fouillez un peu partout pour voir si vous pourriez trouver des choses intéressantes. Autant rendre cette pause utile. Il ne te répond pas et ça te convient. Il s’occupe de l’étage. Toi tu jettes un œil au rez-de-chaussée. Tu restes vigilante au cas où il y aurait un zombie planqué dans la bicoque. Tout est vieux ici, délabré et poussiéreux. Les gens qui vivaient ici ont dû partir il y a un bon moment. Tu te demandes où ils sont aujourd’hui, sont-ils vivants, morts pour de bon ou morts vivants ? Tu n’as pas le temps de t’inquiéter pour ces personnes que tu ne connais même pas. Mais c’est plus fort que toi, tu te questionnes. Et ça te rassure parce que ça prouve que tu n’as pas perdu toute ton humanité. Tu as dû apprendre à être plus dure et froide, à te détacher et à ne pas te laisser submerger par tes émotions. Mais tu restes humaine et tu trouves que c’est réellement important. C’est ce qui te différencie de ces monstres que tu as pu croiser.

Malheureusement ta recherche ne mène à rien. Il n’y a rien d’intéressant ici. Aucune vivre, aucune arme, rien, les gens qui sont partis d’ici ont tout emporté avec eux. Ou alors d’autres personnes avant vous se sont chargées de récupérer ce qu’il y avait de récupérable. Tu reviens à ton point de départ, cette sorte de salon avec un canapé poussiéreux. Au même moment Gordon redescend les escaliers. Il ne semble avoir rien trouvé non plus. Tu soupires et tu regardes en direction de la fenêtre. Tu t’en approches doucement et à nouveau tu regardes dehors. Ils ne sont pas très nombreux. Vous pourriez avoir une chance. Mais vaut mieux rester prudents surtout que vous ne savez pas si d’autres sont en route. Mais tu sais aussi que vous ne pouvez pas rester ici éternellement. Il vous faut un plan. Il faut les attirer. Tu as soudain une idée. Tu te souviens avoir vu un minuteur dans la cuisine. Tu files le chercher et quand tu reviens tu le montres à Gordon. « Il faut attirer leur attention. Je vais sortir, courir et poser ce minuteur assez loin pour que ça nous permette de nous enfuir quand ils seront attirés par le bruit. Tu me couvres ? » Il est hors de question que tu le laisses y aller à ta place. Tu veux le faire. Et puis si jamais il y a besoin, il serait plus capable de te défendre, il est plus armé, il est plus fort. Tu n’attends pas son consentement, tu attends juste d’être sûre que tu peux compter sur son aide si jamais ça foire.

( Pando )

40 ans (01/01/79).

Nelly & Gordon

Two is better than one.

Les tensions entre vous sont de plus en plus évidentes. Et même si tu ne piges toujours pas vraiment ce qu'elle te reproche depuis l'instant même où elle a posé les yeux sur toi, tu réagis vivement. A ses regards noirs, à sa froideur et à son manque flagrant d'effort. Elle n'a pas même pris la peine de dire bonjour. Qui est à ce point impolis, sans déconner ? Pas toi en tout cas ! Vous allez quand même loin dans les pics que vous vous envoyez. Toi en la traitant ouvertement de peste. Et elle, en te traitant carrément d'idiot, d'une certaine façon. Tu te demandes vraiment pourquoi elle a accepté de faire cette sortie en ta compagnie, si elle te trouve con à ce point là. Pourquoi elle a décidé de mettre sa vie entre tes mains à toi, si t'es trop idiot à son goût. Tu grinces des dents. Et dans le silence de la petite baraque en bois, ça s'entend. Comme la tension qui commence à se faire sentir. Il faut vraiment que vous écourtiez cette sortie et que tu la ramènes à Ellia avant qu'il ne te prenne l'envie de l'abandonner en pleine forêt. Soit, tu ne le feras pas. Mais le simple fait de l'imaginer te procure un certain soulagement.

T'as le coeur qui semble battre à mille à l'heure quand t'entreprends de monter à l'étage. C'est plus d'énervement à l'encontre de cette minette, que de peur. Tu ne paniques pas si facilement que ça. Ce qui est plutôt une très bonne chose dans une situation de ce genre. De retour dans la même pièce qu'elle, tu fais tout sauf regarder dans sa direction. Tu préfères essayer de voir au dehors par l'interstice entre d'autres planches, sur d'autres fenêtres. Et tourner un peu en rond. T'aimes vraiment pas être enfermé comme ça. Et quand t'es en sale compagnie, c'est évidemment pire encore. Alors ouais, tu tournes un peu en rond. Et tu ne la regardes pas non plus quand elle prend la parole. C'est seulement quand elle a terminé de parler, que tu daignes pivoter pour poser le regard sur elle. Rien que quelques secondes sur son visage, avant de le descendre sur sa main qui tiens ledit minuteur. Pas besoin d'aller aussi loin. Que tu te contentes de lui répondre, avant de récupérer l'objet dans sa main, sans prévenir. Elle est bien trop sûre d'elle pour accepter ton idée si tu la lui soumets. Alors tu ne prends pas cette peine. Tu fais, c'est tout. De toute façon, c'est toi qui prends ce genre de décision.

Et il ne faut guère plus qu'une poignée de secondes pour que rouvres la porte en grand pour sortir, pour faire quelques pas et pour balancer aussi loin que possible le minuteur une fois celui ci enclenché. Pas de temps à perdre, tu recules et referme la porte. Avant de te remettre en place pour surveiller l'extérieur. Quand on sors de là, on rejoint Ellia. Que tu lui annonces sur un ton qui se veut sans appel. De toute façon, t'as aucune idée de ce pourquoi elles comptaient utiliser ces plantes diverses et variées. Alors tu ne te sens pas concerné. Tu ne voyais dans cette expédition que l'opportunité de sortir te dégourdir un peu les jambes. Et c'est davantage Vance que tu aidais, que Nelly. Il n'aura qu'à lui dire que c'est une vraie emmerdeuse quand ils rentreront. Pour lui expliquer la raison pour laquelle ils rentrent si tôt. Tout ça a très peu d'importance de toute façon. Tu ne te vois pas poursuivre une expédition avec une telle tension dans l'air. Ca te rendrait trop imprudent. Tu ne peux pas accepter ça.

( two is better than one )

Il est trop rapide et tu ne t’attendais pas à ce qu’il te prenne le minuteur des mains. Tu te crispes, tu t’apprêtes à lui gueuler dessus. Tu détestes ses manières, cette façon qu’il a de te prendre de haut comme si tu ne valais pas grand chose. Comme le grand macho qu’il est il pense avoir toutes les bonnes idées. Ça te met les nerfs à vif et tu assistes à la scène sans pouvoir rien faire. Le minuteur se retrouve à plusieurs mètres de la bicoque. Tu serres les poings, très fort. Tu as envie de lui en coller une. D’où il se permet de t’arracher le minuteur des mains et de le balancer tout comme il balance ton idée ? D’où il se permet de te dire quoi faire ? Il est venu pour t’accompagner pas pour te dire quoi faire. Là tu sens ta colère qui monte. Et elle a atteint un point de non retour. Tu ne peux plus contrôler tes émotions, il t’a poussé à bout. A croire que c’est un combat de celui qui aura la meilleure idée ? A part que le seul juge c’est lui. Toi tu dois te contenter d’acquiescer et d’obéir. Alors là il ne sait pas à qui il a affaire.

Tu es restée assez calme depuis le début, tu n’as pas été agréable, au contraire mais tu ne t’es jamais énervée contre lui. Il vient de dépasser les bornes en te rabaissant plus bas que terre. Tu attends qu’il recule et qu’il referme la porte. « Mais c’est quoi ton problème ? Tu ne supportes pas que j’aie une bonne idée, faut que tu la foutes en l’air ?! » T’essayes de ne pas crier parce que ça attirerait l’attention des zombies. Même si maintenant tu ne penses plus trop à votre expédition. Tu penses surtout à régler tes comptes avec lui. Tu ne supportes pas qu’un étranger te dise quoi faire. Votre liberté est déjà bien assez restreinte comme ça pour qu’un sale type se permette de piétiner le peu qu’il te reste. Non seulement il vient de foutre ton plan en l’air comme si ce que tu disais n’avait aucune importance. Mais en plus il vient de t’ordonner de le suivre jusqu’à Ellia dès que vous sortirez de cette baraque. Il est hors de question que tu rentres au village avec juste une poignée d’orties. Pour quoi passerais-tu ? Ça ne t’enchante pas non plus de passer du temps avec lui, tu aurais largement préféré que quelqu’un d’autre t’accompagne mais il est soit-disant le meilleur explorateur d’Ellia.

Tu recules d’un pas et tu croises tes bras sur ta poitrine pour lui faire comprendre que tu n’es pas d’accord. Tu ne vas pas te laisser dicter ta conduite par ce type. Tu es bien décidée à jouer la tête de mule. Tu ne rentreras à Ellia que lorsque tu auras trouvé tout ce pour quoi tu es sortie. Ton ton est froid, dur et il laisse bien entendre que tu ne changeras pas d’avis. « Il est hors de question que je rentre maintenant. Je ne retournerai pas à Ellia les mains vides. T’as qu’à rentrer toi. Tu expliqueras à Vance que t’as pas assez de cran pour passer une journée dehors avec moi. Ne t’inquiète pas je donnerai ma version des faits dès que je rentrerai... » Parce que tu rentreras, même s’il décide de t’abandonner ici, tu te débrouilleras comme tu l’as fait pendant des mois. Il ne t’en crois pas capable, tu le sens dans les regards qu’il pose sur toi. Il te juge il te considère comme quelqu’un de faible. Tu restes campée sur tes positions et tu ne bouges pas d’un millimètre. « Je n’ai pas besoin de toi, je m’en sortirai très bien toute seule. »

( Pando )

40 ans (01/01/79).

Nelly & Gordon

Two is better than one.

Aucun de vous deux n'a l'air de vouloir faire le moindre effort pour tenter d'installer une meilleure ambiance. Aucune discussion n'est possible de toute façon, au vu de la force avec laquelle elle a l'air de te détester. Ce que tu ne t'expliques toujours pas. T'es pas le type le plus agréable qui soit, tu le reconnais. Tu peux même être carrément imbuvable par moment. Mais tu n'as pas souvenir de l'avoir déjà été avec elle. C'est même tout le contraire puisque la seule fois où vous avez été en "contact" tous les deux, c'est quand t'as été assez sympa pour vouloir l'aider avec le bordel qu'elle traînait entre ses bras. Mais déjà là, c'est une certaine dose d'animosité que t'as reçu de sa part. T'as pas pigé mais t'as laissé couler. T'as jamais eus à discuter avec elle par la suite. Jusqu'à ce fameux moment où tu t'es retrouvé à devoir l'accompagner au dehors. T'aurais préféré aider ainsi n'importe qui d'autre. Mais pas une nana qui ne peut pas supporter ta simple présence. C'est con quand même, de se comporter comme ça sans raison apparente avec quelqu'un qui est susceptible de vous aider. Une bonne idée ? Je te signale que la dernière fois que tu t'es éloignée de moi, c'était pour t'offrir à un putain de zombie. Et elle ne dominait vraiment pas cette rencontre. Mais tu te retiens d'appuyer davantage sur ce point.

Elle a l'air d'être bien lancée maintenant. Et bien décidée à te tenir tête jusqu'au bout. T'as bien compris qu'elle n'était pas une trouillarde. Mais parfois, ça a du bon d'avoir un peu peur. Ca permet d'éviter de prendre des risques stupides. Qui mènent généralement à de grosses conneries qui peuvent tout à fait nous compter la vie. Même toi tu le sais. Même toi tu reconnais ne pas toujours être très rassuré. Même toi t'as faillis y passer plusieurs fois au cours de ces dernières années. Tu te doutes bien qu'elle est capable de survivre seule. Mais tu doutes que la laisser partir seule, dans cet état d'énervement et aussi bornée qu'elle l'est, soit une bonne idée. Non en fait, t'en es certain. C'est vrai. J'ai pas le cran de terminer cette journée dehors avec toi. Et tu sais pourquoi ? Parce que nos mésententes nous mettent en danger et peuvent nous coûter la vie. Et je sais pas toi, mais moi je tiens à la mienne. Et encore une fois, t'es assez sympa pour garder certaines paroles pour toi. Tu te retiens de lui faire remarquer que ça vient surtout d'elle. Vraiment. C'est elle qui se comporte de façon hostile depuis le début.

Et t'as bien envie de la laisser terminer tout ça toute seule, ouais. Mais tu ne peux pas te le permettre. T'as une certaine conscience "professionnelle" faut croire. Tu veux bien la croire capable de survivre toute seule. Mais t'es pas certain qu'elle retrouve le chemin jusqu'à Ellia. C'est plus ça qui te tracasse. Tu soupires fort, encore et te pince l'arrête du nez entre l'index et le pouce. Perdu dans tes réflexions. Très bien. Tu capitules. En grande partie. Ton bras retombe le long de ton corps et tu te décales sur le côté pour libérer le passage jusqu'à la porte. Fais ta propre expé, comme bon te semble. Moi j'me contente de te suivre. Et de veiller sur elle à distance. C'est tout aussi bien. Pas besoin de se mettre d'accord sur les endroits à visiter. Donc, pas besoin de discuter, tout simplement. Vous auriez sans doute du partir sur cette idée là plutôt que sur une autre. Tu connais les environs plus ou moins comme ta poche. Tu trouvais plus logique de guider. Mais soit. Votre "relation" telle qu'elle est là, ne vous permet pas ce genre d'expédition là.

( two is better than one )

Si l’expédition prend une tournure aussi catastrophique tu n’y es pas pour rien. Tu le sais très bien. Tu n’as pas cherché à connaître Gordon, tu ne lui as laissé aucune chance. Mais c’est uniquement pour te protéger que tu te conduis comme ça. Tu détestes devoir être comme ça d’ailleurs. Ce n’est pas dans ta nature. Mais tu as déjà assez souffert comme ça. A chaque fois que tu as accordé ta confiance à quelqu’un, tu as failli y laisser ta peau. Les gens ne sont plus ce qu’ils étaient, l’épidémie les a complètement changés. Et malheureusement tu ne déroges pas à la règle. Tu aimerais pouvoir repartir de zéro et repartir sur de bonnes bases avec Gordon, mais tu sais très bien que tu resterais méfiante et que tu te comporterais comme une peste avec lui. Tu ne peux pas t’empêcher d’être agressive. L’attaque est pour toi la meilleure défense. Et tout ce qu’il dit, tout ce qu’il fait tu l’interprètes à ta façon. Tu vois le mal dans chaque mot qu’il prononce, dans chaque regard qu’il te lance. Tu n’y peux rien c’est comme ça. C’est ce monde qui a fait ça de toi. Vous vous seriez croisés avant l’épidémie tout ne se serait pas passé comme ça, il aurait alors rencontré une Nelly souriante et aimable, douce et agréable. Au lieu de ça il doit supporter ton sale caractère et ta fierté parfois mal placée. Fierté qui est mise à mal quand il te rappelle à quel point tu as merdé un peu plus tôt. Tu sais que s’il t’écoute et s’il part en te laissant là, tes chances de rejoindre Ellia sont minimes, mais tu es prête à prendre le risque. « Oui je sais ! Et quoi ? Tu veux que je te remercie encore et encore ? C’est pas parce que j’ai merdé une fois que je suis une incapable ! »

Ton pouls s’accélère, c’est uniquement à cause de la colère qui monte encore et encore. Tu as du mal à ne pas exploser et à ne pas lui hurler dessus, mais tu n’oublies pas où vous êtes ni dans quel monde vous vivez. Et là , tu ne peux malheureusement qu’être d’accord avec ce qu’il vient de dire. Votre comportement l’un envers l’autre. Ton comportement envers lui vous met en danger... Si tu ne témoignais pas autant d’animosité envers lui, tu l’écouterais plus, tu lui parlerais plus. Pourtant c’est important de communiquer dans une expédition comme celle-là, vous n’êtes que deux. Si l’un est dans la merde il doit pouvoir compter sur l’autre. Et ce n’est pas le cas. Tu ne lui fais pas confiance. Et lui non plus certainement. Tu as bien conscience que c’est toi qui as instauré une telle ambiance entre vous. Dès votre rencontre tu l’as envoyé chier, alors qu’il venait te proposer son aide. Tu as vu dans son geste, un acte intéressé. Tu t’es encore monté la tête toute seule et voilà, à cause de toi vous risquez de faire échouer l’expédition ou pire de vous faire tuer. Ses paroles te font réfléchir. Tu te sens idiote pour le coup. Il faudrait que tu ravales ta fierté et que tu admettes t’être mal comportée. Ce sont ses derniers mots qui te frappent le plus. Ta vie, tu y tiens oui, même si de nombreuses fois tu as eu envie d’en finir parce que tu es seule, parce que tu n’as plus personne. C’est dur pour toi, tu n’as rien qui te raccroche à ce monde. Pas d’amis, pas de familles, rien. Mais tu comprends que ce n’est peut-être pas son cas à lui. Tu baisses la tête, l’air penaud. Tu hésites, tu ne sais pas quoi dire, tu n’as pas envie de t’excuser. Foutue fierté.

Il est prêt à faire un effort. Il ne t’abandonne pas alors qu’il pourrait très bien le faire. Il pourrait dire à Vance que tu n’as pas voulu l’écouter et que tu vous mettais en danger. Ce qui ne serait pas faux. Et Vance ne lui en tiendrait pas rigueur. Mais au lieu de ça, il reste là. Il est prêt à se mettre en danger pour accomplir sa mission, tout comme tu es prête à le faire pour accomplir la tienne. Sur ce point vous vous ressemblez, aussi têtu l’un que l’autre. Tu t’approches de lui, mais pas trop. Tu gardes cet espace de sécurité entre vous. Tu lèves la tête pour le regarder fixement dans les yeux. Ça te demande un gros effort, mais il n’y a pas de raison qu’il n’y est que lui qui en fasse. Tu lèves les mains en signe d’excuses. « OK. Je me suis comportée comme une conne. Je t’ai vite jugé et je me suis peut-être trompée sur ton compte. » Tu soupires. Tu as perdu l’habitude de t’excuser et ça demande beaucoup d’effort. « Écoute. On veut tous les deux la même chose. Que cette expédition se passe bien et qu’on rentre tous les deux sains et saufs à Ellia. Repartons sur de bonnes bases OK ? Je sais ce que je cherche mais je ne connais pas les environs aussi bien que toi. » Tu hésites quelques secondes et tu finis par ajouter. « Je vais avoir besoin de ton aide. » Tu n’es pas fière de toi. Tu pries intérieurement pour qu’il n’en profites pas pour se foutre de toi comme il a déjà pu le faire à diverses reprises. Même si tu t’exprimes comme un gamin à qu’on a obligé à faire des excuses, tout ce que tu dis est sincère.

( Pando )

40 ans (01/01/79).

Nelly & Gordon

Two is better than one.

Elle est constamment dans l'affrontement la blonde. Tu commences à piger ça chez elle. Tu ne saurais expliquer pourquoi. Et dans le fond, ça ne t'intéresses pas suffisamment pour que tu veuilles essayer de la piger. Tu te dis que ça ne vaut même pas le coup de toute façon. C'est pas ce que je demande. Et c'est pas ce que j'ai dis. Elle va vraiment finir par te filer une sacrée migraine si elle continue comme ça. Sans déconner. Elle interprète absolument chacune de tes paroles. A croire qu'elle a à tout prix envie de faire un portrait très peu élogieux de toi. Tu vas finir par te demander si quelqu'un ne lui a pas parlé de toi en mal. Genre ... ta fille. Ce serait pas si surprenant que ça de sa part. Au contraire. Depuis la mort de sa mère, vous vous êtes beaucoup éloignés tous les deux. Tout ça parce qu'elle estime que c'est de ta faute. Que t'as mal fait ton boulot qui consistait à vous protéger. Des reproches que tu te fais déjà bien assez de ton côté, sans en plus avoir les siens qui ne font que te descendre toujours plus bas que plus bas que Terre.

C'est peut-être parce que t'admets ne pas être super rassuré là au dehors en sa compagnie, qu'elle semble enfin prête à prendre en compte ce que tu racontes. Elle baisse la tête. Et sans doute réfléchit-elle à tes mots. Sans doute se dit-elle qu'elle a tout intérêt à se calmer également de son côté, si elle souhaite que vous puissiez poursuivre cette expé' sans trop salement risquer votre vie tous les deux. Elle relève la tête et fait un pas dans ta direction. Tu prends sur toi pour ne pas en faire un en arrière. C'est vrai, t'as aucune confiance en elle. Pas plus qu'elle ne semble en avoir en toi en retour. Vous avez au moins ça en commun du coup. Ce qui n'est sans doute pas la meilleure des choses non plus en soit. Tu grinces une nouvelle fois des dents, sans la quitter des yeux. Tu t'attends finalement à tout sauf à ce qu'elle daigne enfin souffler. Même si tu peines à croire le moindre mot qui s'échappe de sa bouche. Tu te doutes qu'elle dit tout ça uniquement parce qu'elle sait -et qu'elle reconnait à voix haute- avoir besoin de toi pour continuer cette journée sans y laisser sa peau. De toute façon, tu t'en fous de ce qu'elle pense de toi. L'essentiel, c'est de pouvoir vous supporter sans que ça ne parte trop en vrille.

Tu te contentes de la regarder fixement durant quelques secondes. Avant de lui tourner le dos et de rejoindre la porte. Faudra qu'on fasse demi tour pour rejoindre Ellia, en début d'après-midi. Pour être de retour avant le coucher du soleil. T'ajoutes rien de plus. Pas besoin de s'éterniser sur le sujet qui vous oppose tant tous les deux. T'estimes qu'elle a tout dit et que c'est plus que suffisant. Un dernier coup d'oeil t'assure que les zombies sont plus ou moins tous situés à l'endroit où le minuteur est en train de sonner. Autant en profiter pour sortir tant qu'il est encore temps. T'ouvres la porte et, une main sur la crosse de ton fusil, tu entreprends de contourner la petite maison. Aux aguets de nouveau. Concentré autant sur les alentours que sur la blonde qui te suit toujours. En passant par l'arrière de la maison, vous retrouvez les premiers arbres. Y'a une prairie pas trop loin de là avec une rivière en contrebas. Pour la forêt de séquoia faudra qu'on marche un petit moment. Tu prends quand même la peine de lui expliquer à voix basse, le programme. Plus ou moins. Preuve que t'es prêt à faire au moins ce genre d'efforts là.

( two is better than one )

Il a fallu que tu prennes sur toi, il a fallu que tu dises des choses à haute voix que tu aurais préféré taire. Comme le fait que tu aies besoin de lui pour accomplir ta mission. Mais tu vois que la situation est en train de vous échapper, il va falloir vous supporter au moins le temps de la fin de l’expédition. Au pire, la prochaine fois que tu devras faire le plein de plantes, tu demanderas à Vance si tu peux y aller avec quelqu’un d’autre. Une femme si possible, mais si tu fais cette requête, tu sais que tu devras lui expliquer pourquoi. Pour le moment tu dois apprendre à collaborer avec Gordon, peu importe ce que ça t’en coûte. Au moins il ne profite pas de la situation pour t’emmerder ou te taquiner. Il gagne des points. Tu aurais très mal pris qu’il retourne tes paroles contre toi. Mais si tu prends autant sur toi c’est parce que c’est toi en partie qui as merdé, tu as tes excuses certes, mais tu l’as juge très vite, trop vite. Vous n’arriverez sûrement jamais à être amis, mais si vous pouviez au moins vous supporter ce serait déjà bien.

Il reste silencieux au début, tu te demandes s’il va accepter de refaire des efforts ou s’il va se murer dans un lourd silence. Tu es soulagée de voir qu’il est prêt à coopérer et tu espères que cette expédition puisse se dérouler comme elle aurait dû le faire depuis le début. Tu acquiesces, tu es bien d’accord avec lui sur le fait que vous devez rentrer au plus tôt à Ellia afin de ne pas vous retrouver coincés dehors lorsque la nuit tombera. Tu as hâte que cette expédition prenne fin, tu as hâte de retourner à Ellia là où tu retrouveras le calme et la sérénité. Tu as hâte d’en finir avec cette coopération qui vous pèse l’un comme l’autre. Tu n’as pas besoin de répondre ou de dire quoi que ce soit. Ton silence traduit ton accord. Pour une fois, vous arrivez à vous mettre d’accord. Tu aurais pu terminer par une poignée de main, signe de paix, mais tu évites tout contact physique, ça, ça ne changera pas.

Tu le suis de près alors qu’il ouvre la porte. Tu es aux aguets, tu es prête à te battre s’il le faut. Tu effleures le manche de ton poignard, ça te rassure de savoir que tu l’as sur toi. La petite horde de rôdeurs s’est rassemblée autour du minuteur, ça vous laisse le champ libre. Vous devriez pouvoir vous sortir de la sans réelles encombres. Tu ne t’éloignes pas de Gordon. Tu as commis l’erreur une fois, pas deux. Tu vois ses lèvres remuer, tu te rapproches un peu plus, tu te penches pour entendre ce qu’il murmure. Tu l’écoutes, tu es rassurée de savoir qu’il se souvient bien de ce pour quoi vous êtes là et tu es encore plus rassurée de savoir qu’il n’y a aucune raison que vous n’y arriviez pas. Tu acquiesces silencieusement, tu préfères ne pas parler, ce n’est pas le moment de vous faire remarquer. Vous arrivez enfin aux premiers arbres, tu es encore plus sur le qui-vive, un zombie peut sortir des buissons à tout moment. Tu regardes où tu poses les pieds, tu essayes d’éviter les brindilles qui pourraient vous faire remarquer en craquant sous tes pieds. Dans ce silence, il n’y a que votre souffle à tous les deux, ce qui rend les choses encore plus angoissantes. Tu regardes de tous les côtés. La voie semble libre. Tu te détends un peu sans pour autant baisser ta garde. Tu remarques au loin du plantain. Tu accélères le pas pour arriver à la hauteur de Gordon et tu lui fais signe vers la direction que tu veux prendre. Tu t’avances, tu t’arrêtes et tu regardes autour de toi. Cette fois il n’y a pas de zombie dans les parages. Tu t’accroupies, tu sors ton couteau Suisse et ouvre ta sacoche. Tu coupes une bonne botte de plantain et tu la ranges dans ta sacoche. Tu la refermes, tu ranges ton couteau et tu te redresses. « Plus que deux. » que tu chuchotes à l’attention de Gordon. Tu attends ses nouvelles directives afin de connaître la nouvelle direction à prendre.

( Pando )

40 ans (01/01/79).

Nelly & Gordon

Two is better than one.

Il y a certains efforts que t'es quand même prêt à faire. Non pas pour mieux t'entendre avec la blonde. Mais bien pour être sûr de survivre à cette journée d'expédition. Et uniquement pour cette raison d'ailleurs. Tu ne penses réellement qu'à ça. A ta survie. Et à la sienne également au passage. Parce que t'as pas l'intention de rentrer seul. C'est jamais arrivé depuis que t'es à Ellia, que tu perdes un membre de ton équipe. Y'en a bien un qui a perdu une main parce qu'il s'est fait mordre. Mais t'estimes que ce n'est pas si grave par les temps qui courent. Toi tu t'es bien fais vacciner pour être bien certain de crever sans jamais te relever, le jour où tu te feras avoir par un zombaque. Parce qu'il ne faut pas se mentir, y'a des "chances" que ça arrive. Il doit de rester quarante ans à tirer sur cette foutue terre. Y'a plus de risques que tu la termines bouffé par un rôdeur, que de vieillesse. Comme tous ceux qui sont encore en vie à l'heure d'aujourd'hui. Bon, tu peux maintenant ajouter le risque que t'as de te faire buter par cette nana, à la liste des façons dont tu pourrais crever plus tôt que prévu.

C'est peut-être un peu pour ça que tu restes relativement calme et que tu capitules devant ses excuses. Qui ont l'air de bien lui coûter d'ailleurs. Ce que tu comprends. Toi aussi ça t'écorcherais bien la gueule si tu devais en faire. Alors tu les acceptes, même si tu ne dis rien du tout. Tu préfères enchaîner en quittant la petite maison pour vous en éloigner pour de bon. Vous avez perdu assez de temps comme ça, c'est évident. Si vous voulez avoir le temps d'atteindre la forêt de séquoias, il va vous falloir vous dépêcher. Et ne pas vous arrêter trop longtemps, si vous devez faire quelques arrêts de temps en temps. Et vous n'allez pas avoir le choix non plus d'ailleurs. A moins de vouloir vous écrouler et ne plus parvenir à vous relever pour rentrer. Vous arrivez tout juste au niveau de la prairie, qu'elle te rattrape déjà pour te faire un signe. Tu hoches simplement la tête pour lui signifier que t'as pigé et tu la suis en silence. Tu es toujours aussi vigilant, bien sûr. Et tu constates assez vite qu'il en va de même pour elle. Elle surveille de partout, te semble-t-il. T'attends sagement qu'elle récupère ce dont elle a besoin, le regard continuant de surveiller la zone alentours.

Tu hoches encore la tête de haut en bas quand elle s'adresse à toi. Et tu prends une autre direction. Fort heureusement, le petit cours d'eau n'est pas très loin. Mais pour l'atteindre, il faut descendre une sacré pente. Quand vous arrivez en haut de celle ci, tu prends pas la peine de lui proposer ton aide pour la descendre. T'as l'impression qu'elle le prendrait mal. T'es pas sûr, bien sûr. Mais t'as pas du tout envie de prendre le risque alors que vous êtes dans une entente froide mais polie. Tu décides quand même de descendre le premier. Vous venez d'un endroit vide de zombies. T'es pas sûr qu'il en aille de même en bas. C'est en te rattrapant aux arbres les plus costauds, que tu descends. Tu te précipites pas. Tu vérifies sur ton passage qu'ils sont assez solides pour qu'elle puisse faire le même parcours. A moins qu'elle ne préfère se laisser glisser sur les fesses. C'est une façon comme une autre de faire. Elle risque juste un peu plus de se blesser. Arrivé en bas, les pieds dans la boue qui borde la rivière, il vérifie les alentours. A part un rôdeur bloqué dans la boue à quelques mètres et à moitié amorphe, rien. Alors tu fais signe à la jeune femme, pour lui signifier qu'elle peut descendre.

( two is better than one )

C’est pas la meilleure ambiance qui soit mais au moins vous n’êtes plus en train de vous écharper. Vous avez rangé votre rancoeur ainsi que vos pics afin que le reste de l’expédition se passe au mieux. Et tout semble bien aller puisque tu trouves assez rapidement l’une des plantes sur ta liste. Tu es ravie, tu vas pouvoir te mettre au travail dès que tu rentreras. Tu vas pouvoir améliorer la vie des survivants d’Ellia à ton échelle. Tu n’attends pas de reconnaissance ni de de remerciements de leur part. Tu veux juste mettre la main à la pâte. Tu veux faire quelque chose d’utile parce que tu vas finir par tourner en rond et devenir dingue. Tu ne supportes déjà pas d’être impuissante à tout ce qui arrive. Tu n’as pas été capable de protéger ta mère ni ton père, alors si tu peux au moins aider quelques personnes à mieux dormir ou à soulager leurs douleurs, ce serait pour toi un grand pas.

Tu tapotes sur ta sacoche alors que tu suis Gordon qui prend une nouvelle direction. Tu souris intérieurement, ravie et satisfaite de votre trouvaille. Oui c’est la votre pas juste la tienne. C’est un travail d’équipe et tu commences seulement à te rendre compte qu’il t’est utile. Sans lui tu aurais tourné des heures avant d’avoir trouvé ces plantains. Peut-être ne les aurais-tu jamais trouvés. Vous restez silencieux, calmes et attentifs. Malgré le danger qui rôde en permanence, tu te sens rassurée, même détendue. Ça te fait du bien de marcher un peu, de te promener dans cette forêt comme tu avais l’habitude de le faire avant tout ça. Tu as presque l’impression de vivre une vie normale. Si seulement. A cette idée tu soupires mais tu sors de tes pensées quand tu vois Gordon qui s’engage sur une pente assez glissante. Tu l’observes. Tu vas essayer de reproduire ses mouvements pour éviter de t’étaler et de te blesser. Il ne manquerait plus que tu te fasses mal et qu’il doive te traîner jusqu’à Ellia. Tu apprécies en tout cas qu’il ne cherche pas à te proposer son aide. Il a compris que tu ne l’accepterais pas. Encore un bon point pour lui.

Tu attends son signal et tout comme lui tu te tiens aux arbres pour descendre. Tu es légère, tu es habile, ça ne devrait pas trop te poser de problème. Tu manques de glisser à deux reprises mais tu te rattrapes à chaque fois. Tu finis par le rejoindre et tu t’essuies les mains tout en regardant autour de vous. Tu remarques le zombie qui est coincé à quelques mètres. Il est inoffensif. Il n’y a pas l’air d’en avoir d’autres. Très bien. Tu regardes aux alentours, s’il y a des cranberries, elles seront dans ce coin-là. Il te faut quelques secondes pour en apercevoir. Bien sûr, elles sont près du zombie que tu as remarqué tout à l’heure. Tu pointes les baies du doigt pour les montrer à Gordon. Tu ne lui laisses pas le temps d’y aller avant toi car c’est ce qu’il aurait l’intention de faire. Tu as envie de t’en occuper toi-même et tu vas pouvoir gérer. Il ne faut juste pas que tu glisses, ce serait tellement bête. Tu regardes où tu mets les pieds, le sol est glissant, boueux. Tu n’hésites pas à écarter les bras quand tu sens que tu perds un peu l’équilibre. Tu sors ton poignard alors que tu n’es plus qu’à un mètre du zombie. Tu l’abats sur son crâne rapidement avant qu’il ne se mette à faire trop de bruit. Il ne faudrait pas qu’il alerte d’autres monstres. Tu ressors la lame de sa boîte crânienne et tu l’essuies dans l’herbe avant de la ranger à ta ceinture. Tu as enfin accès aux cranberries. Tu t’accroupies et tu en ramasses une bonne vingtaine. Ce n’est pas énorme mais c’est déjà ça. Tu les mets dans ta sacoche qui se retrouve à présent bien remplie et tu relèves délicatement pour ne pas glisser et pour ne pas écraser les baies. Tu le rejoins, tu es fière de t’en être occupée seule, sans son aide. Tu ne souris pas, mais dans ton regard on voit cette petite lueur de fierté. Tu finis par lui demander à voix basse. « La forêt de séquoia ? » Tout se passe vite et tout se passe très bien. Il ne vous reste plus qu’à trouver le pavot et vous pourrez rebrousser chemin. Tu espères qu’il n’y ait pas de nouvelles galères c’est tout.

( Pando )

40 ans (01/01/79).

Nelly & Gordon

Two is better than one.

Tu penses vraiment que si vous continuez à vous parler le moins possible, les choses devraient aller nettement mieux. Vous ne serez jamais amis. Et ce n'est franchement pas le but de cette expédition. Toi t'es là pour veiller sur elle et la guider. Le temps qu'elle, elle attrape tout ce dont elle a besoin pour faire tu ne sais trop quoi. Tu n'y connais pas grand chose en tous ces trucs qu'elle fait avec les plantes qu'elle récupère. T'es déjà bien content d'être capable de reconnaître un champignon comestible d'un champignon dangereux pour la santé, voir la vie. Tu sais aussi reconnaître quelques arbres. Mais t'as vraiment aucune idée de ce à quoi tout ça va lui servir. Si vous aviez été un peu plus ouverts l'un à l'autre, t'aurais sans doute été un peu plus curieux et lui aurais posé quelques questions. Mais puisque ce n'est pas du tout le cas, tu choisis plutôt bien volontiers de te taire. Tu sais très bien faire ça, ça tombe bien. Et c'est pareil pour elle apparemment. Vous pouvez même entendre le battement des ailes des oiseaux qui vous passent au dessus de la tête. Mais ce n'est pas plus mal. C'est même presque agréable dans le fond.

T'es pas le type le plus galant qui soit. Pas le genre à vouloir sauver ces dames pour leur éviter de se faire mal. C'est un peu pour ça que tu ne proposes pas ton aide quand il faut descendre une sacré pente pour rejoindre un petit cours d'eau. Là, elle devrait trouver l'un des trucs qu'elle cherche. T'es soulagé de voir qu'elle est assez agile pour suivre plus ou moins le même parcours que toi, sans se prendre les pieds dans quoi que ce soit. Elle manque glisser, soit. Mais à chaque fois elle se rattrape pour éviter ça. Et arrive à bon port. Tu prends sur toi pour ne pas avoir un petit sourire à la con et une remarque joueuse. T'as pas envie de foutre encore une fois le feu aux poudres. C'est bien assez tendu comme ça entre vous, t'en es conscient. Assez vite elle repère ce qu'elle est venue trouver ici. Quand tu piges que ça se trouve à côté du zombie qui patauge, t'amorces un mouvement pour aller t'en occuper. Mais elle te fait bien assez vite comprendre qu'elle peut s'en occuper. Elle est indépendante et capable. Ouais, t'as pigé. Alors tu la laisses faire. Même si t'es tendu. C'est surtout pour ça que t'aurais préféré t'en occuper. Au moins t'aurais été sûr à deux milles pour cent, qu'il n'y aurait eut aucun accident. Que là, t'es tendu comme pas possible et tu crains le pire. Elle est capable de tomber devant le truc et de se faire mordre, tu le sais.

Mais Dieu merci, tout se passe bien. Tu peux relâcher tes muscles noués et rester à ta place pendant qu'elle fait ce qu'elle a à faire. Tu profites d'ailleurs qu'elle soit sur le retour pour t'approcher d'un coin d'eau claire pour t'en passer un peu sur le visage. Il ne fait pas chaud. Pas du tout. Mais la marche et le stress te filent des sueurs. Deux heures de marche si tout se passe bien. Que tu l'informes sans un regard dans sa direction. Tu nettoies sommairement tes mains recouvertes de terre et légèrement écorchées par les écorces des arbres auxquels tu t'es accroché pour descendre. Tu te relèves ensuite, remets correctement la sangle de ton arme sur ton épaule et fais basculer ton sac à dos vers l'avant pour l'ouvrir et en sortir une bouteille d'eau. Dont tu bois le quart. Presque à la goutte près. Le mieux serait qu'on ne fasse aucune pause une fois qu'on sera lancés. Ca va le faire ? Que tu prends quand même la peine de lui demander, avant de ranger ta bouteille. T'attends sa réponse avant de te lancer pour cette longue marche. Histoire d'être bien certain qu'elle est prête pour ça.

( two is better than one )

Tu ne peux pas t’empêcher d’être fière d’avoir pu t’en occuper seule, sans son aide. Ta réaction est puérile et tu en as bien conscience, mas c’est plus fort que toi. Et tu te retiens de faire le moindre commentaire alors que tu reviens vers lui. Tu as remarqué qu’il s’apprêtait à s’occuper lui-même du zombie et tu as apprécié qu’il t’ait laissé faire. Un nouveau bon point pour lui. Tu le rejoins au bord de l’eau et tu l’imites, c’est vrai qu’il ne fait pas chaud, mais les émotions par lesquelles tu es passée depuis que vous avez quitté Ellia t’ont donné des sueurs froides. Tu trempes tes mains dans l’eau claire pour les nettoyer, tu as touché à tout un tas de choses pas très nette dans cette baraque et sans oublier le zombie que tu viens de « tuer ». Tu te passes de l’eau sur le visage et tu te redresse pour boire à ton tour un peu d’eau. Juste un peu parce que vous avez encore de la route devant vous. Tu pourrais remplir ta gourde de l’eau dans laquelle tu viens de te laver les mains mais tu n’as pas totalement confiance, qui sait ce qui s’y est baigné… Tu ne préfères même pas essayer de l’imaginer, tu en as vu des zombies passer des points d’eau, ou des cadavres déchiquetés flotter à la dérive…

Tu ranges ta gourde quand Gordon te propose de ne pas faire de pause. Tu hoches la tête, tu te sens largement capable de marcher deux heures. Tu sais que le retour jusqu’à Ellia sera un peu plus difficile, vous aurez des heures de marche dans les pattes, plus les longues minutes que vous avez passé à courir. Tu espères juste que vous n’ayez pas besoin de courir davantage sinon vous risqueriez de vous épuiser. « Oui, allons-y. » Tu attends qu’il se remette en marche pour le suivre, tu restes toujours un peu derrière lui, mais tu ne t’éloignes jamais trop de lui. Tu sais que demain tu risques d’avoir quelques courbatures, tu as l’habitude de marcher, avant de rejoindre Ellia, tu passais tes journées à marcher. Mais depuis que tu as intégré le village, tu n’as pas vraiment eu l’occasion de te dégourdir les jambes. Ça te fait du bien dans un sens, tu as toujours aimé la marche, les balades. Tu partais souvent en forêt avec ton père, tu aimais lui parler de tous les bienfaits des différentes plantes et racines que vous rencontriez lors de votre promenade. A ce souvenir, tu souris sans même t’en rendre compte. Un sourire un peu triste parce que ça te fait te rappeler cette nuit où tu as perdu la dernière personne qui comptait pour toi en ce monde.

Tu restes silencieuse pendant votre marche, tout comme lui. Vous avez l’air d’avoir besoin l’un comme l’autre de ce silence. Même si tu n’oublies pas ton objectif ni les zombies qui rôdent toujours dans le coin, tu profites de ce moment, de ce silence, de ce calme et de la nature. Vous marchez depuis longues minutes, tu ne sais pas depuis combien de temps exactement. Tu relèves la tête pour apercevoir le ciel qui se fonce. De gros nuages gris, presque noirs se dispersent un peu partout au-dessus de vous. Tu grimaces, s’il se met à pleuvoir ça ne va que compliquer votre expédition. Il n’est pas question de vous arrêter ni d’essayer de vous mettre à l’abri, vous n’êtes pas en sucre, vous ne craignez pas la pluie. Mais cela va vous ralentir, le sol va devenir glissant et vous allez devoir être encore plus attentifs et prudents. Les premières gouttes tombent. Ça te fait du bien, la marche commençait à te donner un peu chaud. Ça te rafraichit. Tu penches légèrement la tête en arrière pour exposer ton visage aux gouttes qui deviennent de plus en plus épaisses. Tu t’approches un peu plus de Gordon, tu ne sais pas où se trouve cette forêt, au risque de le saouler avec tes questions, tu lui demandes quand même : «Combien de temps encore ? » Tu crains juste de ne pas pouvoir rentrer à Ellia aussi tôt que vous l’auriez voulu à cause de cette foutue averse.

( Pando )

40 ans (01/01/79).

Nelly & Gordon

Two is better than one.

T'as bien pigé qu'elle tenait à son indépendance la blondinette. Alors tu la lui laisses. Si ça peut vous éviter de nouvelles prises de bec. Et tu pars du principe que si elle a survécut jusqu'à aujourd'hui, c'est qu'elle est au moins débrouillarde. Tu restes quand même vigilent, bien sûr. Un faux pas et si vite arrivé. Et rien ne te dit que d'autres dangers ne rôdent pas tout autour de vous. Finalement tout se passe bien et elle peut fourrer quelques autres trucs dans sa petite sacoche. Vous prenez le temps, l'un comme l'autre, de vous passer un peu d'eau sur le visage et les mains. Une sacré marche vous attend. T'es pas certain que vous retrouverez un endroit où vous poser en route. Mais ce dont t'es tout à fait sûr, c'est que vous ne pourrez pas tout à fait vous le permettre, surtout. Du coup, tu la préviens. Elle a l'air sûre d'elle et de ses capacités. Tu te dis donc que tu dois lui faire confiance. Au moins à ce sujet là. Et puis comme vous n'êtes pas de grands bavards tous les deux, vous ne risquez pas de vous épuiser en parlant tout au long de ce trajet.

Vous ne tardez donc pas à vous remettre en marche. Tu restes fixé sur votre objectif du jour. Qui consiste à faire ces deux heures sans vous arrêter et sans ralentir non plus. Prendre ce qu'elle est venue chercher et faire aussitôt demi tour. Parce qu'avec le temps que vous avez marché puis couru sur l'allé, il va aussi falloir le faire au retour. Si possible, plus calmement. Histoire de ne pas trop vous épuiser. Le silence est toujours de mise entre vous et ça te va bien. Vous êtes tous les deux perdus dans vos pensées. Toi, t'es surtout hyper concentré sur la route. Et sur ses alentours. T'es aux aguets. Près à réagir au moindre truc louche qui pourrait arriver, se faire voir ou se faire entendre. Mais rien. Juste quelques oiseaux qui chantent gaiement. Mais qui s'arrêtent peu à peu. Non pas à cause d'un danger quelconque. Mais à cause de la tension qui commence à faire crépiter l'air. L'obscurité s'abat sur vous. C'est tout ce que t'espérais ne pas avoir à subir. Mais tu ne choisis évidemment pas. Ca te fait grimacer quand les premières gouttes vous tombent dessus. Vu comme le ciel est chargé, tu doutes que ce soit une simple petite pluie.

Et la fameuse pluie te donne rapidement raison, vu la taille des gouttes qui finissent par s'abattre sur vous. Tu plisses les yeux pour continuer de voir où vous allez. Encore une bonne heure je pense. On devrait accélérer pour essayer de gagner un peu de temps tant qu'on le peut ! Avant que les chemins que vous empruntez ne deviennent carrément impraticables. Tout ce que t'espères également, c'est que ça ne durera pas trop longtemps. Sans quoi, vous risquez de ne pas pouvoir rentrer tout de suite. Voir, pas de la journée. Mais même si vous accélérez sensiblement le pas, vous ne tardez pas à être ralenti par la force de la pluie. Et par le poids de vos vêtements trempés désormais. C'est toi qui manques te casser la gueule quand t'arrives devant un fossé que t'avais pas prévu et que la boue te fait glisser. Tu te rattrapes à une branche en jurant et te redresses. Tu décides de contourner l'endroit. T'es pas sûr de pas t'enfoncer sérieusement dedans si t'y tombes. Tu trouves un autre passage et vérifie d'un simple coup d'oeil qu'elle te suit toujours. C'est ce moment là que choisis la pluie pour s'arrêter. Tu lèves la tête vers le ciel et constates que les nuages s'éloignent doucement de vous. T'es pas sûr que ce soit définitif, mais t'en profites pour te délester de ta veste et de ton gilet à capuche pour les enrouler autour de ta taille. Tu te sentiras ainsi moins entravé. T'attraperas peut-être même moins froid de la sorte.

( two is better than one )

Tu regrettes le temps où tu pouvais te fier au bulletin météo pour organiser tes sorties. Si vous aviez su qu’il allait faire un temps pareil, vous auriez sûrement reporté votre expédition. Ce n’est que de la pluie mais s’il continue de pleuvoir pendant des heures, vous risquez d’avoir du mal à rentrer. Tu n’as pas envie de rester dehors lorsque la nuit tombera, vous seriez trop vulnérables. Quand il te dit qu’il vous reste encore une bonne heure tu acquiesces mais tu ne peux t’empêcher de soupirer. La pluie va vous fatiguer encore plus, vos affaires deviennent plus lourdes, le sol devient glissant. Il te propose d’accélérer le pas, tu es d’accord mais il ne faudrait pas non plus que vous vous précipitiez s’est que vous vous blessiez. Tu accélères alors, tu restes toujours juste derrière lui, tes bottes s’enfoncent dans la boue qui commence à se former. Tu glisses légèrement mais tu ne tombes pas. Tu restes prudente, tu n’hésites pas à te tenir aux arbres quand tu sens que tu perds ne serait-ce qu’un peu l’équilibre.

Tu essayes de regarder où tu poses les pieds mais tu regardes également devant toi et sur les côtés. Tu dois avoir les yeux partout. Tu sens que tu fatigues mais pas physiquement, tu dois être concentrée et attentive, tout le temps et ça ça te demande de l’énergie. Tu t’arrêtes quand tu vois Gordon glisser, tu t’apprêtes à te rapprocher pour essayer de le retenir, même si, avouons-le avec tes petites bras et ton poids plume il te serait difficile de l’aider en cas de chute. Mais tu vois qu’il retrouve l’équilibre. Tu pourrais lui demander si ça va, s’il ne s’est pas blessé mais il se remet en marche et ça te rassure. Tu ne veux pas parler pour des choses inutiles, parler c’est se fatiguer, c’est saliver et c’est se donner soif. Il faut préserver la moindre de tes forces. Mais il a fait du bruit, alors tu regards aux alentours pour t’assurer que vous êtes toujours seuls. Il n’y a pas un bruit, ni un mouvement. Ça te rassure. Tu hoches la tête quand il te regarde pour lui faire comprendre que ça va et que tu le suis toujours.

Il marche un peu vite pour toi mais tu ne te plains pas, tu fais un effort et tu maintiens le rythme. Tu es soulagée quand la pluie cesse de tomber. Tu espères que les nuages se dispersent pour de bon et qu’il ne se remette pas à pleuvoir. Les mouvements de Gordon t’attirent l’œil, tu le regardes alors qu’il retire deux couches de ses vêtements. Tu te dis qu’il a raison et que tu devrais peut-être en faire de même. Mais alors que tu commences à défaire la fermeture éclair de ta veste, ton pied glisse dans la terre boueuse et tu perds l’équilibre. Tu essayes de te rattraper à la branche d’un arbre mais tu manques de peu et tu finis par tomber par terre. Tu sens une douleur lancinante dans ta cheville, tu grimaces. Les lèvres pincées, les yeux plissés, tu t’empresses de te lever. Tu ne sais pas si le bruit que tu as fait en tombant n’a pas attiré de rôdeurs. Alors tu t’appuies au tronc de l’arbre qui se trouve à côté de toi, tu t’appuies sur ta cheville non douloureuse et quand tu te retrouves debout et que tu poses l’autre pied par terre tu grimaces en poussant un gémissement sourd. Tu restes appuyée au tronc et tu relèves immédiatement la jambe pour soulager ta cheville. Tu sais qu’elle n’est pas cassée, mais tu as dû te la fouler. Tu espères que ce n’est pas grave, que la douleur va finir par s’endormir et surtout que tu vas pouvoir marcher correctement. Tu serres le poing, tu t’en veux d’avoir encore manqué de prudence. Tu vas tout faire foirer si tu n’arrives pas à marcher.

( Pando )

40 ans (01/01/79).

Nelly & Gordon

Two is better than one.

Continuer cette excursion avec la pluie qui tombe si fort, c'est tout sauf prudent. Mais vous êtes déjà beaucoup trop loin pour faire demi tour maintenant. Et t'aimerais également éviter de rester planté là à attendre que ça passe. Premièrement, parce que vous n'êtes pas sûr que ça s'arrête. Deuxièmement, parce que vous pourriez n'avoir d'autre choix que de dormir en pleine forêt. Ce que t'aurais fait sans te poser plus de question que ça si t'étais seul. Mais ce n'est pas le cas. Et tu doutes qu'elle soit très chaude à cette idée, de son côté. De toute façon, ta mission c'est de l'amener à un endroit bien précis et de la ramener saine et sauve à Ellia. Si possible, dans le même état que celui dans lequel tu l'as trouvé en début de journée. En bonne santé. Et toujours aussi froide et grognon, certainement. T'hésites donc pas bien longtemps quand tu proposes finalement d'accélérer le pas. Tant que ce sera possible en tout cas. Malheureusement, c'est toi qui manques te blesser quand tu glisses dans la boue. Sans grande surprise. C'est de moins en moins praticable. Mais vous ne pouvez pas vous arrêter. L'idée est insupportable. D'autant plus que vous pourriez bien chopper très mal avec cette pluie. Qui a le don de refroidir l'air au passage.

Tant bien que mal t'arrives à reprendre ton avancée. Toujours suivit de la jeune femme. D'accord, elle commence à t'impressionner. Elle tiens le rythme et à aucun moment elle ne se plaint. Mais elle aurait peut-être du finalement. C'est ce que tu penses quand tu l'entends chuter. Tu piles net. Un coup d'oeil alentours pour vérifier que vous êtes toujours seuls, et tu pivotes pour reporter ton attention sur elle. T'attends de voir si elle peut se relever. Et surtout, si elle peut marcher. Tu comprends assez vite qu'elle s'est fait mal. Pour le coup, tu t'en veux autant que tu lui en veux à elle. T'aurais du ralentir le pas. Surtout à partir du moment où toi même t'as commencé à galérer. Mais tant pis. Ce qui est fait est fait. Tu fais demi tour pour revenir vers elle. La cheville ? Que tu demandes en observant sa façon de se tenir. Qui te laisse évidemment imaginer qu'elle a du se la tordre en tombant. Tu réfléchis vivement en te passant machinalement une main dans tes cheveux qui collent à ton front. Pour les ramener au sommet de ton crâne. Il doit vous rester un peu moins d'une demie heure de marche maintenant. Elle ne pourra pas faire cette demie heure en plus du retour, si elle s'est faite une entorse.

C'est trop risqué de continuer. T'es pas sûr qu'elle puisse marcher. Pourtant, il va falloir qu'elle marche pour rentrer. Rappelle moi ce qui te manque, je vais y aller tout seul. Que tu tranches finalement. Tu te fous un peu de savoir si elle est d'accord ou non. Tu ne vois pas d'autre solution. T'as pas envie d'avoir fait tout ça pour finalement ne pas avoir ce dernier truc qu'elle recherche. T'espères quand même pour elle qu'elle en a vraiment besoin. En attendant, tu te reposes, tu t'improvises une attelle et tu te mets en sécurité. Tu lèves d'ailleurs le nez vers les arbres pour essayer d'en repérer un sur lequel elle pourrait grimper assez haut pour ne pas être vu d'en bas. Ni par des rôdeurs, ni par d'éventuels vivants. C'est eux que tu crains le plus dans le fond. Je n'veux pas prendre le risque que tu n'sois pas en état de rentrer ensuite. Que tu précises quand même. Parce que t'as l'impression de devoir tout justifier tout le temps, pour éviter qu'elle ne se braque.

( two is better than one )

T’es en colère après toi-même. Tu n’as pas été assez prudente, pour la deuxième fois de la journée. Et tes imprudences, à chaque fois, ont de graves conséquences. Tu as eu de la chance que Gordon soit là la première fois, oui ça te fait mal de l’admettre mais c’est bien le cas. Tu t’en es bien sortie la première fois mais là c’est plus grave. Parce qu’à cause de ta cheville douloureuse tu ne vas pas pouvoir marcher jusqu’à la forêt de séquoia et faire le chemin inverse pour retourner à Ellia. Tu ne sais même pas comment tu vas faire pour marcher jusqu’au village. Tu as bien des plantes avec toi, oui, mais tu ne peux pas les utiliser comme ça. Il te faut des préparations et tu ne pourras les faire qu’à Ellia. La douleur est tellement vive que tu en as la nausée et la tête qui tourne. Tu espères ne pas t’être fait une entorse, ça peut être long à soigner surtout avec vos ressources. Tu espères qu’il s’agisse juste d’une petite foulure, rien de plus.

Tu n’oses pas faire de bruit, tu ne te permets qu’un faible gémissement que tu n’arrives pas à contrôler. Tu sais qu’il va falloir que tu dises à Gordon que tu t’es blessée mais tu n’en as pas besoin puisqu’il se retourne, alertée par le bruit que tu viens de faire. Tu espères que tu n’as pas alerté des zombies qui pourraient traîner dans le coin. Appuyée sur une jambe, la main sur le tronc de l’arbre tu regardes Gordon qui s’approche de toi. Tu lui lances un regard désolé, parce que tu t’en veux clairement de t’être fait mal. Tu acquiesces quand il te demande si c’est ta cheville qui a souffert. Tu baisses la tête pour regarder ta jambe, tu espères que ta cheville ne double pas de volume, ça n’a pas l’air d’être le cas pour le moment. Tu écoutes Gordon, tu hoches la tête, il a raison. Tu ne vas pas pouvoir continuer. L’idée de rester là à l’attendre ne t’enchante pas. D’une, parce que tu voudrais pouvoir y aller toi-même, de deux, parce que tu sais que tu vas être vulnérable, seule, blessée à la cheville. Mais tu n’as pas le choix.

Tu appuies ton dos contre l’arbre pour garder l’équilibre alors que tu sors ton livre de ta sacoche. Tu te dis que c’était une bonne chose de l’avoir emmené. Tu tournes les pages jusqu’à trouver celle qui concerne le pavot de Californie, la dernière fleur qu’il te manque. « C’est du pavot, c’est une fleur jaune. » Tu estimes qu’elle est assez importante pour prendre le risque de rester seule ici. Tu ne vas pas prendre la peine de lui expliquer tous les bienfaits de cette plante, tu n’es pas sure que ça l’intéresse et puis tu n’as pas le temps. Tu ne sais pas quoi dire, tu voudrais t’excuser de foutre l’expédition en l’air, mais ça ne sert à rien. Tu préfères garder le silence. Tu le vois regarder les arbres autour de vous. Tu penses savoir à quoi il pense. Et ça te semble une idée judicieuse. Tu repères un arbre pas trop loin, tu peux accéder à l’une des branche qui n’est pas trop haute mais assez pour te protéger des rôdeurs. Mais tu sais que tu vas avoir besoin de l’aide de Gordon pour y grimper, surtout avec ta cheville. Tu le pointes du doigt, la branche a l’air assez solide, elle devrait pouvoir supporter ton poids. « Tu peux juste m’aider ? S’il te plaît. » Tu te radoucis parce qu’il est prêt à t’aider et à continuer l’expédition sans toi. Et ça te soulage de savoir que vous allez quand même pouvoir ramener tout ce que tu avais noté sur ta liste. Tu claudiques jusqu’à l’arbre, au passage tu ramasses quelques morceaux de branche dont tu pourras te servir pour te confectionner une attelle.

( Pando )

» I will work this body. I will burn this flame. (Nelly & Gordon)
» Upside down | ft. Gordon C. Ó Ceallacháin
» if you want to live you have to become strong (nelly)
» Nelly O'Neill | You don't have to sell your body to the night
» Ding-Dong, c'est pour éviter un empoisonnement • Nelly & María

two is better than one (gordon&nelly)

two is better than one (gordon&nelly)

Sujets similaires

Sujets similaires