New day, new life ft. Hypolyte

ONE BY ONE. HOLLOW HEROES SEPARATE. AS THEY RUN. YOU'RE SO COLD. KEEP YOUR HAND IN MINE. WISE MEN WONDER WHILE STRONG MEN DIE.

L'adaptation est on ne peut plus difficile, pour Auregan. Elle est rentrée quelques semaines plus tôt mais cela ne fait que quelques jours qu'elle a commencé son tout nouveau boulot ; médecin dans le centre hospitalier de Chicago. Elle ne sait pas encore trop si c'est une bonne ou une mauvaise chose. Enfin, ça ne peut pas être pire que là où elle était autrefois, hum ? Il y aura toujours du sang, des mauvaises nouvelles à annoncer mais il y a tout l'équipement en plus. Plein de choses qu'elle n'avait pas, sur le terrain. Sa principale préoccupation n'est pas de ce côté-là, de toute façon, cela tourne surtout autour de sa vie ici. Quand elle n'est pas au boulot, toutes ses pensées sont tournées vers Noah, Peter et tout le reste de l'équipe. Est-ce qu'ils vont bien ? Sont-ils en train de supporter une attaque ? Lorsqu'elle pénètre dans l'enceinte de l'hôpital, ce matin, la rousse s'efforce de chasser tout cela de sa tête. Elle aura tout le temps de se faire du souci ce soir, une fois qu'elle sera chez elle. Son job passe avant tout le reste, et surtout, elle ne peut pas se permettre d'être distraite par quoi que ce soit. Ce serait anti-professionnel au possible.

Comme chaque matin - bien que ce ne soit que le troisième depuis son arrivée ici -, Auregan se charge de remplir quelques papiers et de lire les dossiers de ses patients. Pas de grande nouvelle de ce côté-là, pas de crise supplémentaire pour Winston, bref, la journée devrait être calme. Mais il faut toujours rester sur ses gardes, dans un univers comme celui-là tout peut déraper en un rien de temps. Concentrée, elle ne sent pas vraiment la personne qui s'approche d'elle. C'est sa voix qui la fait redescendre sur Terre, dans un sursaut qu'elle ne contrôle pas. Elle finira par avoir un arrêt cardiaque, c'est certain. Elle regarde le fameux Docteur Gallagher, qui se présente à elle. « Docteur Gallagher ? Mon interne ? » Elle le regarde, un peu dubitative. « On ne m'avait pas prévenue ... » Et quand on lui parle, Auregan se met un point d'honneur à écouter avec attention. Alors ce n'est certainement pas elle qui est passée à côté d'une information, surtout une information aussi capitale que celle-là. « Enfin, peu importe. Enchantée docteur Gallagher. Vous avez l'air de déjà me connaître alors je ne me présente pas plus. Depuis combien de temps travaillez-vous ici ? » Ce serait pas mal qu'elle en sache un peu plus sur lui, autant commencer par là.

 

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Un interne ? Auregan n'est pas habituée à ça. Elle a bien eu un stagiaire, une fois, à l'Armée mais ça n'a pas duré bien longtemps : il a abandonné au bout de deux semaines à voir des horreurs perpétuelles. Il n'est pas arrivé au bon moment, le pauvre. Elle ne s'est pas encore habituée à la vie hospitalière, à toutes les contraintes qui viennent avec et voilà que l'on met à sa charge un jeune. C'est bien sa veine ça, tiens. Enfin, lui n'y est pour rien. Avec un peu de chance, il ne sera pas trop encombrant. Il s'explique, et elle comprend le but de tout ça. Sans doute est-ce là une manière de la tester elle tout en l'aidant à s'adapter. C'est aussi une manière de permettre à ce ... Gallagher de faire ses preuves. Elle ne le juge pas à son physique, elle verra plutôt ses aptitudes. « Je vois ... » Non, elle ne voit pas vraiment en fait. Pourquoi le mettre à sa charge à elle s'il souhaite se spécialiser en neurochirurgie ? Elle n'a rien d'une neurochirurgienne. Bien sûr, elle s'y connaît un minimum mais il doit bien y avoir un spécialiste de cette branche dans l'hôpital, non ?

Enfin ... elle ne semble pas avoir son mot à dire là-dessus alors elle va faire avec. Elle n'a pas le choix et elle veut croire que cela l'aidera à se faire à tant de nouveautés. En espérant être un tant soit peu utile au Docteur par la même occasion. Elle s'en voudrait de ne lui être d'aucun secours. « Disons que je suis médecin urgentiste. » Elle ne s'est jamais spécialisée à proprement parlé, elle a plus ... acquis certains réflexes sur le tas. Puisqu'elle va devoir passer la journée avec lui, autant ne pas le laisser sur la touche sans en dire plus. Elle déteste avoir à parler de tout cela mais il va bien falloir qu'elle s'y habitue un jour ou l'autre. Autant commencer par là. « J'ai fait huit ans de service dans l'Armée de Terre avant d'arriver ici. » Là, elle espère satisfaire sa curiosité et lui faire une petite idée de qui il est. Au fond, elle espère aussi que cela permettra à Hypolyte de comprendre pourquoi, éventuellement, elle pourrait s'avérer plus ... solitaire que désireuse de travailler en équipe. Elle va faire des efforts mais cela ne veut pas pour autant dire qu'elle va y arriver. « On va commencer par faire le tour des patients que j'ai opérés hier, je vous fournirai les bonnes explications en temps et en heure. Le temps que ce soit fait, nous aurons notre planning pour la journée. » Pas de temps à perdre : elle est sûre qu'ils auront plein d'opérations à diriger/assister. Sans doute y aura-t-il quelques imprévus aussi. Comme toujours.

 

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Un interne ? Auregan n'est pas sûre de vraiment apprécier ça. Elle ne veut pas le juger sans qu'il ait eu le temps de faire ses preuves mais elle a peur qu'il traîne dans ses pattes. Son truc, c'est de travailler en solo. Elle n'essaye même pas de se mêler avec ses collègues, depuis qu'elle est arrivée dans cet hôpital. Elle est peut-être trop dur ... Peut-être trop chiante, aussi. Mais c'est comme ça. Que peut-elle y faire ? Son séjour dans l'Armée a laissé des marques indélébiles, elle n'est plus sûre de savoir comment être naturelle. D'ailleurs, plutôt que de s'attarder quinze ans sur le sujet - un travail dans l'armée, ça peut être impressionnant mais cela devient surtout tabou pour la personne concernée -, Auregan hoche la tête. C'est un temps révolu tout ça ... elle n'est plus sûre de vouloir l'évoquer. Non, en fait, elle en est sûre : elle ne veut pas en parler. « Çà ne semble pas très réjouissant, hein ? » Elle n'a pas manqué de noter sa question inachevée. A-t-il peur de s'ennuyer aujourd'hui ? Cela pourrait bien être le cas. Mais ça pourrait aussi être totalement l'inverse qui se produira. Aux urgences, on ne sait jamais à quoi s'en tenir. Parfois, c'est mouvementé. D'autres fois, c'est calme et ennuyeux à mourir. Auregan elle-même ne sait pas à quoi ils doivent se préparer. Mais elle ne lui dira pas qu'il y a de grandes chances pour que tout dérape et devienne incontrôlable en cours d'après-midi, il le verra par lui-même.

Il est là pour apprendre et observer de toute façon, hein ? Elle ne va pas pour autant le laisser ne rien faire. Sa journée doit être prolifique, maintenant qu'il est là. Et Auregan compte bien faire en sorte qu'elle le soit un tant soit peu. La première, la jeune femme s'élance en direction d'une première chambre. La patiente qui s'y trouve, elle la connaît. Le médecin l'a opérée la veille. Elle laisse néanmoins le dénommé Hypolyte la présenter sans rien dire. Il fait son boulot, et il le fait plutôt bien. Mais elle ne lui offrira pas la satisfaction de lui dire ... pas maintenant. Elle ne veut pas paraître trop satisfaite et lui donne l'impression qu'il peut se tourner les pouces et ne plus offrir le moindre effort. Pendant qu'il achève sa présentation, Auregan s'assure que les pansements ont été changés, qu'ils sont bien mis. Avant de partir, elle parle brièvement avec la patiente, un sourire de façade collé au visage. Difficile de ne pas être détachée lorsqu'on revient d'un service militaire chaotique ... En sortant de la chambre, Auregan décide de se lancer dans de nouvelles explications avec son 'interne' sans pour autant tourner la tête dans sa direction. Qu'il soit familier avec elle, ça ne la dérange pas. Mais il ne faut pas non plus qu'il s'imagine qu'ils sont là pour papoter de tout et de rien .. Ils ont tellement de boulot et ils ne peuvent pas se laisser déborder. Ce serait catastrophique. « Vous n'avez jamais fait de service dans les urgences, n'est-ce pas ? Ce n'est pas aussi calme que ça semble l'être ... pas toujours en tout cas. Et s'il y a un gros accident en ville, ce sera à nous de gérer la situation et de faire en sorte que tout se passe bien. » Parce que s'il faut - de toute évidence - gérer les patients, il faut aussi gérer les familles qui affluent en masse. « Vous présentez bien les patients, en tout cas. » Un petit compliment, qu'est-ce que ça lui coûte ? Balancé au milieu de la conversation, il se perd. Et disparaît bien vite ... Ils ont du boulot à faire, des patients à visiter.

 

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